“Oui, les cheminots ont bien raison de faire grève !”

 Ils sont, comme la plupart des Français, touchés de plein fouet par le nouvel ordre infernal. La réforme de la SNCF est emblématique d’une société qui mène notre pays sur le déclin en pente douce.

Malgré les dénégations du gouvernement, c’est bien le démantèlement du service public qui, une fois encore, est à l’œuvre. Les dirigeants de la SNCF nous parlent de « libéralisation ». Qu’en termes jolis ces choses-là sont dites ! En réalité, derrière ce mot, se dissimule le remplacement du monopole d’État par une oligarchie financière. Un train peut en cacher un autre. Cela signifie que des sociétés privées, parfois étrangères, pourront bénéficier des infrastructures, financées grâce aux impôts des Français, et se rémunéreront à prix coûtant, en y ajoutant leur marge, bien entendu, sur le client. Au final, qui trinquera ? Le voyageur, bien sûr, qui payera plus cher un billet pour la même prestation.

Évidemment, les lignes dites « rentables » seront exploitées par le plus offrant et les petites lignes non rentables seront laissées à la SNCF, qui continuera de creuser son déficit et qui finira par les abandonner. En conséquence de quoi les villes moyennes ne seront plus desservies par le train. Merci qui ? Merci Macron ! À l’heure où tout est fait pour décourager l’utilisation de l’automobile, c’est malin !

Quant à ceux qui traitent de « privilégiés » les employés de la SNCF, ils ne se rendent pas compte de l’indécence de leurs propos. Les cheminots ont de modestes salaires et leurs avantages sont bien légitimes. Tout le monde devrait avoir des faveurs dans la société où il travaille.

Pour ce qui est du départ à la retraite, oui, elle se fait plus tôt que pour la plupart des autres métiers : et alors ? On ferait bien de s’en inspirer pour le personnel des hôpitaux. Pourquoi cet esprit mesquin de toujours regarder chez le voisin ce qu’il a de plus que moi ? Cela relève d’une mentalité d’envieux détestable. Qu’ils restent dans leur petitesse ! Les vrais privilégiés seront les hauts cadres et les actionnaires des grands groupes qui se partageront le gâteau ferroviaire, comme il en a été avec la privatisation des autoroutes au détriment des usagers.

Cette marche forcée vers la privatisation de tous les services publics pour obéir aux oukases de Bruxelles est une régression sociétale qui porte la rentabilité, donc l’argent, comme la valeur suprême. C’est le culte du veau d’or. M. Sarkozy prétendait nous faire « travailler plus pour gagner plus ». Avec M. Macron, c’est travailler davantage pour gagner moins, avec une qualité de vie de plus en plus médiocre en prime. En faisant grève, les cheminots ne font que protéger les Français contre l’accélération de la tiers-mondisation de la France.

Charles-Henri d’Elloy – Boulevard Voltaire

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