« On est pacifiques, on a fait des réunions, on a prévenu ces gens. Dire qu’on les expulse est un peu extrême. On met de l’ordre chez nous. Il y a des comportements qu’on n’accepte plus. Des bagarres, des vols. Ce n’est pas une question de racisme. Il y a trop de clandestins chez nous et ils en font venir d’autres. C’est sans fin. On prend nos responsabilités », dit un notable du cru.
« Dégage ! »
En quoi consistent ces responsabilités ? Une « colonne d’une centaine d’hommes et de femmes indigènes » marche sur les campements de migrants, casse la porte et arrache les fenêtres, sort les affaires des intrus et leur enjoint « de dégager et de ne plus revenir ».
A Mayotte aussi les revendications vont bon train.
La scène se passe à Mayotte, submergée par les Comoriens des autres îles qui constituent le tiers de la population depuis sa promotion au rang de département français voici cinq ans, avec avantages y afférents, et c’est La Croix qui la rapporte dans un article dont ses lecteurs au numéro ignoreront tout puisqu’il devait paraître dans l’édition du 31 mars qui « n’a pu être imprimée en raison d’un mouvement de grève » – mais a été mise en ligne sur internet.
Comme les blondinets sont plutôt rares à Mayotte, le journaliste Pascal Charrier relate ces faits sous un titre neutre (« Mayotte, département tropical sous pression ») et adopte un ton conciliant. Même quand il confie avoir eu du mal à faire parler les Mahorais de souche car « être un mzungu, un « Blanc », nous vaut le soupçon d’être un militant de la Cimade (1), association honnie parce qu’elle a pris la défense de Comoriens (immigrés) » et qu’elle accuse les villageois de « tirer dans le tas » sous prétexte d’insécurité !
Le « genre » bon pour les migrantes, condamnable pour les Allemandes
Relevées à Fréjus ou à Hénin-Beaumont, ces saines réactions déchaîneraient un tsunami d’indignation. Toutefois Mayotte est un département non seulement tropical mais aussi musulman à 95 %. La plus grande compréhension – c’est-à-dire le deux poids deux mesures – s’impose donc en la matière, comme dans tous les autres domaines.
Tout récemment, la décision prise par la compagnie ferroviaire Die Mitteldeutsche Regiobahn (MRB) de réserver aux femmes des wagons de la ligne Leipzig-Chemnitz, dans la Saxe, « afin de créer une atmosphère plus sûre pour l’ensemble des voyageuses », a fait hurler la gauche allemande mais aussi les féministes, convaincues que cette ségrégation découle des tournantes de la Saint-Sylvestre à Cologne, et atteste donc d’un ignoble racisme. Même si elle a déjà été adoptée en Egypte et au Japon notamment.
Mais, au moment même où la décision « discriminatoire » de la MRB déclenchait des flots d’encre et de bile, le Parlement européen planchait sur la nécessité de « protéger les femmes dans le respect du genre » – les femmes migrantes – et elles seules. En faveur desquelles Filippo Grandi, Haut-commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés, avait déjà encouragé le 8 mars les eurodéputés à se battre pour « obtenir une meilleure prise en compte de la dimension du genre dans la politique d’asile, afin de ne pas aggraver une position déjà précaire de ces femmes particulièrement vulnérables » et pour lesquelles il faut absolument prévoir « un logement et des installations sanitaires séparés des hommes » ainsi que « des interrogateurs, traducteurs et interprètes de sexe féminin » afin de leur éviter pression « machiste » et chantage sexuel.
Fort bien mais pourquoi, au nom du genre, faudrait-il à toute force protéger les migrantes dans les camps accueillant des réfugiés – êtres pourtant parfaits par définition puisque, comme l’a dit le pape François le 1er septembre dernier, lors d’une audience accordée à l’évêque Gaillot escorté du père Daniel Duigou, curé de Saint-Merry, « ils sont la chair de l’Eglise » –, mais abandonner les Saxonnes aux instincts lubriques d’individus… pouvant être immigrés eux aussi ?
Dans un dessin – génial, comme souvent – remontant aux années 80, Chard illustrait l’incompatibilité radicale « entre féminisme et tiers-mondisme ». Une incompatibilité chaque jour davantage démontrée par l’actualité mais repoussée avec horreur par les plus enragées théoriciennes du gender : pour elles, l’oppresseur archétypal reste le mâle blanc, chrétien de préférence, à l’image des horribles brutes manifestant le 27 mars à Bruxelles au cri ô combien choquant d’« On est chez nous ! »
Un cri qui, par on ne sait quelle subtile alchimie, devient subitement compréhensible, voire légitime, quand, même accompagné de procédés condamnés par la nouvelle éthique, il est poussé à Mayotte. Comme celles de Dieu, les voies de l’antiracisme sont impénétrables.
(1) Dans son dernier livre Immigration – La catastrophe : que faire ? (éditions Via romana), véritable somme où sont exposés en près de 500 pages les causes, les conséquences, le coût, le rôle des acteurs principaux du Grand Remplacement et les remèdes à l’invasion, Jean-Yves Le Gallou met en cause la Cimade dont « l’action est aussi perverse qu’ambivalente » puisqu’elle « consiste à critiquer l’Etat pour lui en demander toujours plus, tout en agissant en son nom ». Ce pourquoi cette assoce perçoit la bagatelle de « 4,5 millions d’euros de subventions publiques annuelles, soit les deux tiers de son budget ».
Camille Galic – Présent