Dès ses premiers mots, je sus que nous allions aborder un cas plus tordu encore qu’à notre habitude.
– Monsieur Banerjee, on m’a dit le plus grand bien de vous, commença-t-il. Je pense que vous êtes l’homme de la situation.
– J’espère ne pas vous décevoir. Puis-je savoir ce qui vous amène ?
– Bien sûr, je voudrais savoir qui m’a assassiné. […]
– Vous voulez dire que quelqu’un a essayé de vous assassiner ?
– Non. J’ai été assassiné.
– Vous seriez donc mort ?
– Exactement. »
Nous sommes à Londres, au tout début du XXe siècle, et le journal de la veille a en effet annoncé le décès de Lord Scriven. Mais est-ce bien la même personne qui parle ainsi à Arjuna Banerjee, détective privé, et à son assistant, Christopher Carandini ? Ce dernier est aussi le narrateur de ce roman qui mêle enquêtes policières, courses poursuites, espionnage, fantastique et facultés étranges, à la limite du paranormal. Un roman qui se dévore à belle allure, écrit dans une langue raffinée et efficace. Eric Senabre avoue qu’il s’est bien amusé à emprunter aux uns et aux autres, voire à pasticher Dickens, Conan Doyle et leurs successeurs – sans oublier non plus la légende arthurienne (mais là, chut, n’en disons pas trop). Il reste à expliquer aux jeunes lecteurs qui sont « mesdemoiselles Remington et Olympia » remerciées « pour leur fidélité et leur efficacité » en dernière page. Cela s’appelle le savoir-vivre.
Dès 12 ans, adolescents
Eric Senabre, Le dernier songe de Lord Scriven, Didier Jeunesse, 2016, 256 p., 14,20 €