Mon héros de la semaine / Douglas MacArthur

 

Par Alain Sanders

Il y a cinquante ans, le 8 avril 1964, le général Douglas MacArthur disparaissait. Plus de 100 000 personnes salueront son cercueil monté sur une prolonge d’artillerie. « Je reviendrai ! » Le 11 mars 1942, chassé de Corregidor par les Japonais, MacArthur faisait cette promesse un brin menaçante. Il la tiendra.

Né à Little Rock, Arkansas, en 1880, MacArthur, s’il est passé par West Point, ne fut jamais un militaire, mais un soldat. Major de sa promotion, il est aux Philippines, en Chine, au Japon, à Vera Cruz. Fin 1917, il est en France. Il y sera deux fois blessé au combat. Un jour, « invité » par ses subordonnés à s’abriter lors d’un tir de barrage, il leur répond : « L’Allemagne entière ne pourrait fabriquer l’obus qui me tuerait. »

Il y a du dandy chez lui. A Saint-Mihiel, dans l’Argonne, il porte un vieux képi froissé (il refuse le casque), un pull à col roulé, un foulard chatoyant, des culottes de cheval. A un supérieur qui lui reproche ce non-respect du règlement, il réplique : « Ce sont les ordres auxquels on désobéit qui rendent célèbre. » Plus tard, il ne quittera plus son blouson de cuir noir et ses Ray Ban. Le style, c’est l’homme.

Harry Truman, petit chemisier d’Atlanta, Truman, l’homme qui s’enrhumait sous les tropiques, Truman qui limogea finalement MacArthur, ne supportait pas cette décontraction. Evoquant une entrevue avec MacArthur sur l’île de Wake en 1950, il dira :

– Ce général portait ses foutues lunettes de soleil et une chemise qui n’était pas boutonnée et un képi plein de quincaillerie. Je n’ai jamais compris qu’un homme de son âge, et un général à cinq étoiles en plus, puisse se promener dans l’accoutrement d’un sous-lieutenant de dix-neuf ans.

1945. MacArthur reprend les Philippines. En août, Manille, la péninsule de Bataan, Corregidor, l’île de Leyte, l’île de Luçon sont sous contrôle.

En juin 1950, la Corée du Nord envahit la Corée du Sud. Truman, bien que complaisant (et peut-être plus) à l’égard de l’URSS et de ses alliés idéologiques, sent qu’il est moralement contraint d’intervenir sous peine d’être accusé de trahison. A contrecœur, il fait appel à MacArthur. A ce moment, les Nord-Coréens et leurs alliés chinois sont dans la banlieue de Séoul. Le 28 juin, la ville est entre leurs mains.

Le 15 septembre, les Marines débarquent à Inchon. Fin septembre, les forces d’invasion sont repoussées au-delà du 38e parallèle. MacArthur, qui veut exploiter cette victoire, critique l’attentisme (et le mot est faible) de Truman. La sanction tombe : le 11 avril, il est limogé et remplacé par Matthew Ridgway. Quand MacArthur rentre aux Etats-Unis, ils sont des dizaines de milliers qui l’accueillent à San Francisco aux cris de « MacArthur président ! »

Après 52 ans de bons et même excellents services, MacArthur n’aura droit qu’à un discours au Congrès. Il le conclura ainsi : « Depuis le moment où j’ai prêté serment comme jeune officier à West Point, le monde a bien changé et les rêves se sont évanouis. Mais je me souviens encore d’une chanson de soldat, populaire en ce temps-là, qui disait fièrement : Les vieux soldats ne meurent pas, ils disparaissent seulement. J’achève aujourd’hui ma carrière militaire et je disparais, vieux soldat qui a toujours essayé de faire son devoir avec les lumières accordées par Dieu pour voir où était ce devoir. Adieu. »

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