En juin 1940, le maréchal Pétain est accueilli comme un sauveur, cinq ans plus tard il est condamné à mort et emprisonné à l’île d’Yeu où il décède « complètement sénile ». Une lecture avec un regard médical des nombreux livres qui lui sont consacrés révèle de multiples faits suspects. En les regroupant il devient possible d’affirmer a posteriori que Philippe Pétain souffrait d’une affection neurodégénérative dont les premiers signes sont apparus dès 1930. En l’absence d’examens cliniques et para-cliniques un diagnostic de certitude n’est pas envisageable. Cependant la nature des troubles, la chronologie de leur apparition, la lenteur d’évolution sans à-coups, la persistance d’un pas normal, l’absence de facteurs de risque vasculaire et le grand âge du patient sont en faveur d’une maladie d’Alzheimer au stade de syndrome neurocognitif mineur déjà bien évolué en juin 1940 et au stade de syndrome neurocognitif majeur dès 1942.
La connaissance de cette affection donne un éclairage nouveau sur le comportement de Pétain lors de la dernière guerre.
Interview de Jean-Marie Sérot, professeur émérite en gériatrie à la retraite, auteur d’un article dans la revue de Gériatrie.