Gauguin amoureux de Marc Charuel (Vidéo)

« Soyez amoureuses, vous serez heureuses », disait un des panneaux sculptés en 1902 par Gauguin pour sa Maison du jouir, aux Marquises. C’était un an avant sa mort. Il rendait hommage à la Femme, et aux femmes qui avaient accompagné sa vie. Elles ont beaucoup compté, d’abord sa mère Aline dont il transmettra le prénom à sa fille, et, qu’il n’a pas connue mais qui nourrira sa révolte, sa grand-mère l’internationaliste et féministe Flora Tristan. Puis il y a sa femme, la danoise Mette Gad. Elle épouse un jeune Gauguin qui travaille à la Bourse, ils ont les moyens de mener un vie très parisienne. Le krach boursier de 1882 précipite Gauguin vers la peinture à laquelle il ne donnait jusque-là que son dimanche. Mette s’estime trompée : elle n’avait pas épousé un rapin dont personne ne veut acheter les toiles. La belle-famille de Copenhague s’emploiera avec succès à séparer les époux Gauguin. Le peintre caressera longtemps le rêve d’avoir les moyens financiers de reconquérir sa femme et de retrouver la vie de famille.

Les conquêtes du peintre ? Elles sont nombreuses, à Paris, en Bretagne, en Océanie. Peut-on dire qu’elles ont inspiré beaucoup de ses tableaux ? Elles ont inspiré beaucoup des figures qu’il y place, oui. Mais les sujets les dépassent. Gauguin exprime des pensées par des corps, et l’une des récurrences de sa peinture n’est-elle pas ce mystère de la Femme qui l’attirait et qu’il recherchait ? « Soyez mystérieuses », disait un autre panneau de la Maison du Jouir. On peut lier la peinture du Gauguin et sa vie amoureuse, mais jusqu’à un certain point seulement car l’inexplicable demeure, qu’à sa vie dissolue s’oppose une œuvre où rien ne se dissout. L’artiste y a mis le plus solide de lui-même.

C’est un portrait documenté et juste que Marc Charuel donne de Gauguin, avec ses vertus et ses vices. Le texte est servi par des illustrations de qualité, ce n’est pas si courant : remercions l’éditeur. A lire en attendant l’événement que sera, en octobre prochain au Grand Palais, l’exposition « Gauguin l’alchimiste ».

Marc Charuel, Gauguin amoureux, Editions Rabelais, 140 pages, nombreuses illustrations, 14,80 euros, www.editionsrabelais.com

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Guy Denaere – Présent

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