Mercredi 1er février 2017 est sorti « le Décodex », publié par Le Monde par l’équipe autoproclamée des « Décodeurs ». Dirigés par Samuel Laurent (voir son pedigree ici) « les Décodeurs », c’est un peu comme si l’IGPN – inspection générale de la police nationale – était dirigée par des flics ripoux. Le prétendu projet initial de ce décodex ? Vérifier l’exactitude de l’information en ligne.
Un projet apparemment noble donc, mais en réalité totalement biaisé par le prisme idéologique de Samuel Laurent, Adrien Senecat et leur équipe – qui sont rétribués, faut-il le rappeler, par Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre Bergé. En réalité de quoi s’agit-t-il ?
Ce projet est financé à plus de 50 000 euros par Google via le Fonds pour l’innovation numérique de la presse. Il se veut une chasse aux » fake nexs » et aux fausses informations. Dans les faits, celle-ci se rèvèle très ciblée et sélective avec une argumentation en partie mensongère.
Le Décodex prétend «lutter contre la diffusion virale de fausses informations et à aider les internautes à se repérer dans la jungle des sites producteurs ou relayeurs d’informations». Il s’agit en réalité d’une attaque en règle contre la presse alternative et la presse dissidente. Comme le souligne Élisabeth Levy dans Causeur, n’y aurait-il pas un petit conflit d’intérêt dans le fait que Le Monde, qui est producteur d’information, soit aussi celui qui délivre l’AOC ou l’imprimatur?
Les journalistes des Décodeurs ne se cachent d’ailleurs pas d’avoir employé des critères particulièrement douteux. Ainsi, lors d’un chat le 1er février avec leurs lecteurs, voici ce qu’ils pouvaient dire, à propos d’une remarque faite sur une erreur de Marianne, et comparé à Breizh-info ensuite :
Le site Breizh-info.com fait en effet partie – comme beaucoup de ses confrères de la presse alternative régionale – de la liste jetée à la vindicte populaire par M. Laurent et consorts. Si vous installez la barre d’outil Décodex (à télécharger sur votre navigateur) ou si vous vous rendez sur le moteur de recherche de la Prav..du Monde et que vous tapez Breizh-info.com, voici ce que vous trouverez :
Breizh Info
« Un site présenté comme un média d’information local neutre, mais orienté à l’extrême droite et qui publie régulièrement de fausses informations.». Or Breizh Info ne s’est jamais présenté ainsi. Notre ligne éditoriale – et nous nous y tenons – est d’ailleurs disponible en toutes lettres, depuis nos débuts, ici.
Mais passons. Le mensonge de Samuel Laurent et de sa bande vient dans la notion de « fausses informations », qui nous vaut d’être classé en « alerte rouge » par le Décodex. Il affirme : « Ce site diffuse régulièrement de fausses informations ou des articles trompeurs. Restez vigilant et cherchez d’autres sources plus fiables. Si possible, remontez à l’origine de l’information.»
Breizh-info.com a publié plus de 7000 articles en trois années et demie d’existence. Jamais un de ses articles n’a été démenti par les faits. Que la ligne éditoriale soit contestée, c’est une chose qui se conçoit parfaitement. Il est par contre incontestable et incontesté que nos informations ne sont pas fausses, y compris par les journalistes de la presse régionale subventionnée …
On rappellera qu’il est arrivé dans le passé au Monde de se référer – en bien – à Breizh-info. Ainsi dans son numéro daté du 17-18 janvier 2016, François Béguin et Chloé Hecketsweiler, dans un long article consacré à l’affaire des essais cliniques du laboratoire rennais Biotrial qui avaient mal tournés, faisaient expressément référence à Breizh-info, rappelant que ce site avait été le premier à publier un descriptif dévoilant la rémunération des cobayes humains.
Mais pour justifier son procès en sorcellerie, dans son Décodex, Samuel Laurent s’appuie sur trois articles ….dont deux ….« des Décodeurs » . C’est un peu comme si l’enquêteur était également procureur et juge en quelque sorte.
Le Mensonge n°1 du Décodex
Le premier est un article de Samuel Laurent intitulé « Les vrais faux sites d’information locale » . Voici ce qu’on peut y lire concernant Breizh Info : « Déguisés en sites d’information « classiques », ce sont en réalité des relais de la propagande d’extrême droite.». Argumentation proche du néant donc.
Puis on lit : « Le phénomène est le même sur Breizh Info, un site qui dit traiter « de l’actualité bretonne et internationale », et qui affiche dès sa page d’accueil douze fois le terme « migrants » et huit fois celui d’« islam »…Outre le fait qu’en ce 2 février 2017, sur les 18 derniers articles parus, pas un ne contient le mot « migrants » ou « islam », on voit tout de suite que M. Laurent instruit un procès. Pour lui, il faut éluder les questions sociétales pourtant jugées prioritaires par les Français. Ils lisent d’ailleurs de moins en moins la presse subventionnée, faute d’y trouver l’information qu’ils recherchent. M. Laurent ne prend même pas la peine de nous apporter la preuve des chiffres qu’il avance par ailleurs.
D’autre part, Breizh-info se « trahirait » « à quelques détails, comme « ce titre de rubrique La Bretagne orange mécanique » (allusion à un livre, La France orange mécanique, très populaire à l’extrême droite) ; cette interview du fondateur très islamophobe de l’Observatoire de l’islamisation, Joachim Véliocas ; ou cette annonce d’un forum de la Fondation Polémia (créée par Jean-Yves Le Gallou, le théoricien cité plus haut). Parmi les membres de la rédaction, on compte d’ailleurs l’ancien président du mouvement identitaire Jeune Bretagne, Yann Vallerie, ou un ancien candidat FN à Nantes, Thierry Monvoisin.»
Des « détails » qui ont toujours été parfaitement assumés par la rédaction de Breizh-info et jamais cachés. Sauf que nos journalistes ne sont, depuis le départ de l’aventure, encartés dans AUCUN mouvement politique. C’est une règle, et nous nous y tenons. M. Laurent se garde bien par ailleurs de citer les nombreux auteurs ou personnalités de toutes obédiences, ayant répondu depuis le début aux interviews de Breizh-info. Quant à la fameuse rubrique « Bretagne orange mécanique » – en référence au célèbre film de Stanley Kubrick – des « Décodeurs » sérieux auraient remarqué qu’elle est bien moins alimentée que celle des faits divers de la presse régionale bretonne.
Mais le plus important est ailleurs : cet article sert de justificatif à M. Samuel Laurent pour nous classer parmi les sites diffusant de fausses informations. Le lecteur cherchera dans l’article, et dans le texte qui concerne Breizh-info, le moindre mensonge de notre part. Par contre, c’est le Mensonge n°1 de M. Laurent et de son journal.
Le Mensonge n°2 du Décodex
Le second article, d’Adrien Sénécat cette fois-ci – décidément, Le Monde a de l’argent pour rétribuer des journalistes payés pour traquer des journalistes ou des blogueurs concurrents – est intitulé : Non, Slobodan Milosevic n’a pas été « blanchi » par le Tribunal pénal international
« Une campagne révisionniste lancée au début du mois d’août affirme, à tort, que la justice aurait innocenté le dictateur de l’ex-Yougoslavie.» explique M. Sénécat. Et Breizh-Info dans tout cela ? Nous sommes cités pour avoir repris une information, évoquant les 2 590 pages du jugement de Radovan Karadzic, l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie condamné à quarante ans de prison pour génocide le 24 mars.
Le titre de notre article s’appelait alors : « La Haye. Sloboban Milosevic innocenté – silence médiatique ». Le postulat de départ : durant le procès contre Radovan Karadžić, le Tribunal pénal international pour la Yougoslavie (TPIY) a reconnu en mars 2016 que Slobodan Milosevic n’avait pas participé au projet d’épuration ethnique en Croatie et en Bosnie et qu’il s’y était même opposé.
« Slobodan Milosevic a déclaré que les membres des autres nations et groupes ethniques doivent être protégés, et que l’intérêt national des Serbes n’est pas la discrimination. » peut-on lire dans le document en question.
Voilà le point traité par Breizh-info.com. Le tribunal a indiqué dans le cadre du procès de Karadzic « qu’il n’y a pas suffisamment de preuves dans ce dossier pour constater que Slobodan Milosevic avait donné son accord au plan commun qui visait à expulser définitivement les Musulmans et les Croates de Bosnie du territoire revendiqué par les Serbes de Bosnie », le jugement concerné indiquant en outre qu’il avait « coopéré étroitement avec l’accusé pendant cette période [où les crimes ont été commis] ».
En 2016 toujours, le ministre socialiste du Travail serbe, Aleksandar Vulin a déclaré : «Le TPIY a confirmé la légitimité de la politique de Milosevic» tandis que le ministre des Affaires étrangères et président du Parti socialiste, Ivica Dacic, a ajouté que la Serbie était donc innocente des crimes commis en Bosnie-Herzégovine durant la guerre des années 90. Les responsables politiques serbes sont-ils eux aussi « des fakes » ?
Dans le concret, se servir de cet article de Breizh-info.com pour parler de fausse information est là encore un mensonge. Il y a au pire une différence d’interprétation (Nous n’avons pas titré : le TPI innocente Milosevic) au mieux une autre version des faits (nous citons par exemple la lettre adressée par Milosevic demandant de l’aide à la Russie).
Le Mensonge n°3 du Décodex
Cerise sur le gâteau, le troisième article cité par le Décodex – le seul qui ne vient pas du Monde mais de Libération – cette fois-ci. Il s’intitule : « hébergement des réfugiés. Une mairie bretonne victime d’un photomontage ». Il traite de la polémique qui était née à Sérent, à propos de l’accueil de réfugiés – finalement annulé.
Le photomontage, comme l’indique Libération, n’est pas de Breizh-info.com : « Plus osé, un hebdomadaire local, le Ploemerlais, avait mis Serent à la une trois jours plus tôt et titré : «100 migrants attendus à Serent – les premières arrivées». Sur la photo d’illustration, on voit un couple (NDLR : de réfugiés) marcher avec une poussette et deux enfants devant les bâtiment de l’ancien Ehpad (Etablissement pour l’hébergement de personnes âgées dépendantes) de Serent.».
Le quotidien évoque bien à un moment dans l’article Breizh-info : « Puis c’est le site d’extrême droite Breizh.info qui affirme que le projet d’hébergement proposé par l’association Coallia (ex-Aftam, chargée de l’insertion et de l’hébergement de publics en difficulté) sera financé par la commune.». Première, impossible de savoir si il s’agit de notre média ou de Breizh.info comme semble le dire le quotidien, qui est un blog régional.
Nous avons consulté nos articles (ici, ici, ici ou encore ici , les autres articles concernant la mobilisation contre cet accueil) évoquant l’arrivée de réfugiés à Sérent. A AUCUN MOMENT il n’est dit que le projet serait financé totalement par la commune. Voilà ce que nous avions écrit, et qui est là encore incontestable :
« Pour pouvoir accueillir ces immigrés, Bretagne Sud Habitat – qui gère un large pan du parc immobilier dans le Morbihan avec 22 591 personnes logées par ses services – va devoir réaliser des travaux aux frais du contribuable puisque les collectivités passent des conventions avec cet organisme dans le but d’aménager tel ou tel logement.». En l’occurrence, le projet d’accueil ayant, notamment sous la pression populaire, échoué, rien de cela n’a été entrepris par la suite.
Encore une fois, se servir d’un article qui ne livre pas sa source, qui confond deux sites Internet, et qui en plus écrit une information fausse, pour en attribuer la patrenité à Breizh-info.com, est une méthode qui rappelle les procès staliniens.
Le Monde contre la liberté de la presse ?
Pour d’autres sites de la presse alternative, seul le mensonge N°1 est utilisé pour faire passer le site au rouge. Mieux vaut en rire – Breizh-info.com connaissant chaque jour une augmentation de son lectorat, plus de 7000 articles depuis sa création, zéro procès intenté – en pensant à la frustration des journaux subventionnés qui voient leur lectorat fondre et leur monde plein de préjugés et d’idées toutes faites s’écrouler.
Les petits Décodeurs du Monde auraient-ils la nostalgie du bon vieux temps où la presse papier était maîtresse du monde de l’information ? C’était l’époque bénie où Le Monde pouvait saluer la victoire des Khmers rouges – en toute impunité.
Signe des temps. Aujourd’hui le monde bouge, le monde change, et la presse mainstream n’a plus le monopole de l’information. Le pouvoir commence à lui échapper et cela lui est insupportable. « Cours camarade, le vieux monde est derrière toi » : décidément le vieux slogan soixante-huitard n’aura jamais été autant d’actualité…
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