Au prix du sang se veut un drame historique consacré à la Guerre d’Espagne (1936-1939). Le problème, évident dès le carton explicatif proposé en ouverture du film, est qu’il multiplie les erreurs historiques grossières. Ainsi, la Guerre d’Espagne est présentée comme la lutte de deux internationales, une internationale communiste dirigée depuis Moscou par Staline, et une internationale fasciste commandée depuis Berlin par Hitler. Si le rôle de l’internationale communiste a en effet été important dans la Guerre d’Espagne, en soutien essentiel au campo républicain, mais bien davantage en 1937-1939 qu’en 1936, il n’a absolument jamais existé aucune forme d’internationale fasciste ! Non, les nationalistes espagnols ont été des nationalistes espagnols, se voulant fidèles aux traditions nationales et catholiques de l’Espagne, et absolument pas à des principes panfascistes de quelque section espagnole d’un national-socialisme international fantasmatique !
De même, la persécution violente de l’Eglise en Espagne, montrée dans le film, son grand apport positif malgré tout, tant ces faits sont couramment occultés, est justifiée comme une représailles des Républicains au soutien officiel de l’Eglise au « fascisme »…Or, rien n’est plus faux, et l’Eglise ne s’est prononcée que tardivement, en juillet 1937, un an après la tentative de coup d’Etat militaire de juillet 1936, du fait des persécutions déjà subies et poursuivies, en faveur du camp nationaliste. Ces deux erreurs majeures suffisent à discréditer le film. Nous en avons relevé une bonne dizaine d’autres moins importantes.
Au prix du sang souffre aussi d’une dispersion de son propos. Il aurait pu s’en tenir aux années centrales de la guerre et ne pas se perdre avec l’agonie du personnage principal, vieillard solitaire et misanthrope brouillé avec son fil unique, dans les années 1980, longuement montrées. Il avait infiltré l’armée républicaine, et renseigné le camp nationaliste. Ceci ne l’avait pas empêché d’être sensible, superficiellement, à l’enthousiasme ambiant, riche en chaleur humaine, indéniable lors des premiers mois dans le camp républicain, ni aux charmes d’une camarade hongroise volontaire dans les Brigades Internationale, peu farouche en général mais réfractaire à son sujet. Cette petite histoire n’est pas inintéressante ou invraisemblable – à quelques détails près – et il aurait été infiniment préférable de s’en contenter. Au prix du sang propose aussi un portrait hagiographique du fondateur de l’Opus Dei, Josemaria Escriva (1902-1975), qui, quoi que l’on pense de son œuvre, a été en effet un prêtre héroïque dans le Madrid républicain persécuteur de l’Eglise de 1936-1937.
Au prix du sang reste, dans son ensemble, beaucoup trop faux et mensonger historiquement.