Dans une vidéo filmée par les forces kurdes qui l’ont arrêtée, la djihadiste bretonne prend à contre-pied son avocat qui s’efforce de la faire juger en France plutôt qu’en Syrie. Mais parle-t-elle vraiment librement ?
La djihadiste originaire de Lorient, Emilie König, apparaissant tête nue et maquillée sans excès l’assure devant la caméra : «L’enquête dont je fais l’objet se déroule comme dans mon propre pays.» «J’ai vu que les femmes du YPG [Unités de protection du peuple kurdes] jouaient avec les enfants, ramenaient des bonbons, des chocolats aux enfants. Nous, on nous apportait à manger», affirme-t-elle devant la caméra de ces mêmes YPG. «Si on a envie de fumer, on peut fumer», ajoute-t-elle, décrivant, à l’en croire, un monde de libertés dans https://www.youtube.com/watch?v=LMlSdyft-PQ”>autre vidéo en arabe sous-titrée en anglais a également été mise en ligne. Les images sont en outre présentées comme ayant été tournées le 12 décembre dernier. Rien ne permet toutefois de confirmer la date du tournage.
«Les médias français ont répandu la nouvelle sur Emilie König, une djihadiste française capturée par nos forces, [selon laquelle] elle vivait l’oppression et était torturée par les YPG. König répond aux allégations», peut-on lire en description de la vidéo en arabe, qui a fait l’objet de nombreuses coupures au montage et dont les commentaire ont été désactivés.
«Nous avions entendu que les YPG torturaient et battaient ceux qu’ils arrêtaient, j’avais entendu ça de la part d’autres femmes», commence Emilie König, poursuivant, un peu plus tard : «J’ai trouvé un téléphone et j’ai appelé ma mère. Je lui ai dit que certains parlaient de torture et de prostitution». Et Emilie König de préciser : «Je n’ai pas dit qu’ils m’avaient torturée.»
Une djihadiste embarrassante ?
Ces déclarations, dont on peut douter de la sincérité au vu du contexte, tombent à point nommé pour le gouvernement français qui n’est pas très disposé à voir la djihadiste revenir en métropole. Le 4 janvier dernier, le porte-parole du gouvernement assurait que les femmes détenues dans ce qu’il a appelé le «Kurdistan syrien» seraient jugées «là-bas», bien qu’il ne s’agisse pas d’un Etat reconnu au sens du droit international.
Encore plus surprenant, les affirmations d’Emilie König dans ces vidéos tournées par les autorités kurdes, contredisent celles de son avocat, Bruno Vinay, qui bataille avec les autorités françaises afin que la jeune femme soit jugée en France. Le 3 janvier dernier, l’avocat affirmait à l’AFP qu’Emilie König voulait se rendre à la justice française plutôt que d’être jugée en Syrie. Propagandiste et recruteuse notoire pour Daesh, la jeune femme née en 1984 est poursuivie par la justice française depuis 2015. En décembre 2017, alors qu’elle demandait à être rapatriée selon son avocat, la protection consulaire française lui aurait été refusée. La France a fermé son ambassade en Syrie en mars 2012.