Le président de la République a qualifié de « héros » mercredi 6 décembre, depuis Alger où il se trouve en visite, l’immense vedette Johnny Hallyday, après l’annonce de sa disparition au terme d’une longue lutte contre le cancer (lire l’article de Jean Cochet dans notre édition du 7 décembre). Non, notre Johnny national n’est pas un héros, c’est un monstre sacré du showbiz, « l’idole des jeunes et des moins jeunes », un talentueux rocker qui a électrisé les foules pendant plusieurs décennies. Et nous ferons bien souvent appel à notre mémoire, pour fredonner une ou deux de ses chansons qui ont marqué notre temps.
Mais un héros, c’est un Darnand, celui de 1940, pas de 1943, qui ramène sur son dos, depuis les lignes ennemies, le corps de son officier, c’est un passant qui sauve de la noyade un inconnu ou un pompier qui, se jetant dans les flammes pour en retirer une personne, fait honneur à sa devise, « sauver ou périr ». Emmanuel Macron cultive l’outrance verbale, comme le prouve, coïncidence, sa brutale analyse délivrée aussi à Alger, lorsqu’il était candidat à la fonction présidentielle, qualifiant la colonisation française de « crime contre l’humanité ». Comme quoi des études très supérieures ne donnent pas forcément un bon brevet en sémantique.
Certains ont même évoqué comme sépulture, carrément, le… Panthéon ! Qu’un hommage national soit rendu à ce gratte-guitare de génie, soit. Mais là encore, sachons mesure et raison garder. Et le signataire de ce court papier est d’autant plus à l’aise pour l’écrire qu’il était, naguère et jadis, il y a longtemps, au siècle dernier, en 1965, dans la même caserne d’Offenbourg (RFA) que le sergent Smet du 43e RBIma.
Et je me souviens d’une folle soirée où, sur le plateau des couleurs, Johnny et Sylvie, hissés sur un châssis de VTT ou d’AMX, je ne sais plus, chantaient en duo devant un public fraternellement mêlé d’Allemands et de Français, de jeunes appelés et de cadres de carrière, képis ou bérets en bataille, bousculés par l’ardeur des spectateurs.
C’est, je l’avoue, un souvenir inoubliable. Et, avec la mort du célèbre chanteur, avec la disparition du soldat Smet, c’est aussi, pour nous ses contemporains qui partagions les mêmes chambrées, les mêmes réfectoires, un peu à notre propre effacement que nous assistons.
Soldat-guitariste Smet : « Présent ! »
Jean-Claude Rolinat -Présent
Photo : Le soldat Jean-Philippe Smet à Offenburg en 1965.