Le prêchi-prêcha anticarbone de la Conference Of Parties est prosélyte, assurément. “Roulez vert, baissez votre chauffage, prenez une douche, pas un bain”. Et il se trouve chaque jour relayé tout à fait ouvertement par les instances médiatiques.
Mais est-ce un complot ?
Certains estiment que oui. Il s’agirait d’une manœuvre pour détourner les ressources des économies avancées au profit de pays peu développés. On parle d’une contribution annuelle de $ 100 milliards du Nord vers le Sud par exemple. D’autres affirment que non, et que le complotisme rime avec obscurantisme. A mi-chemin entre conspiration et complophobie, voici une thèse assez simple.
En 1973, le choc pétrolier s’avère très coûteux, mais ne semble que ponctuel. Mais en 1979 survient un doublement du prix de pétrole. Cette fois, les gouvernants des États riches pensent avoir affaire à un problème systémique. L’économie résistera-t-elle si le prix du pétrole double désormais tous les 6 ans ? En politique extérieure les caciques ne pouvaient décider d’envahir militairement les pays de l’OPEP. Et en politique intérieure, ils ne pouvaient demander au public de réduire la consommation de pétrole “au nom de la balance des paiements”.
Alors que faire ?
Par chance, justement à cette époque, se dessinent quelques initiatives. Une petite agence de l’ONU (PNUE) et l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale) organisent deux conférences sur le climat à Genève en 1979 puis Villach en Autriche en 1980, qui visent à mieux étudier le climat. Ces conférences, de faible notoriété, ne revendiquaient toutefois pas encore d’action politique. Puis en 1981 un scientifique de la NASA, James Hansen, fit savoir via le New York Times que la température planétaire avait augmenté d’environ 0.5°C en un siècle. Et surtout, il déclarait sans le prouver, un lien direct entre réchauffement et le CO2 d’origine anthropique, pronostiquant une hausse imminente des températures. D’autres scientifiques et organismes lui ont emboîté le pas, notamment au sein de l’OMM, s’intéressant beaucoup aux gaz à effet de serre lors d’autres conférences, de Genève en 1984 puis Villach en 1985.
Dans ce début des années 1980, donc juste après le deuxième choc pétrolier, quelques spécialistes offraient ainsi une plateforme providentielle. Dorénavant, les gouvernants allaient pouvoir demander à la société civile de moins consommer de pétrole en jouant sur l’émotionnel. Au lieu de parler de résorber le déficit commercial, on proposerait aux citoyens d’être exemplaires. Sauver la planète, c’est autrement plus motivant. Ce n’était pas exactement un complot, mais cela ne mangeait pas de pain. L’idée paraissait bien pratique. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) allait bientôt paraître.
Depuis, la machine s’est emballée. La parole est donnée quasi-exclusivement aux défenseurs de la cause anthropique certes, mais la lutte anticarbone se révèle beaucoup plus coûteuse que prévu. Et une bonne partie du public ne suit plus ce jeu du prêchi-prêcha émotionnel.