Monica Rosenberg, doctorante à la prestigieuse université de Yale, évoque dans Quartz le travail auquel elle s’est adonné avec des collègues ces derniers temps: la mise au point d’une méthode d’évaluation de la capacité de concentration d’un individu. Les travaux ont été publiés dans Nature. Pourquoi en effet ne pas calculer la faculté d’une personne à fixer son attention sur un point précis, et plus ou moins longtemps, alors que nous mesurons déjà le quotient intellectuel de tout un chacun?
C’est que la gageure est supérieure. Car la concentration, corrélée à la connectivité cérébrale des individus, est unique. Les scientifiques ont justement résolu de s’intéresser à cette connexion entre les différentes régions du cerveau pour parvenir à un résultat.
Ils ont ainsi réuni vingt-cinq personnes et, tout en examinant leur activité intellectuelle au moyen d’un IRM, leur ont demandé de participer à une tâche un peu spéciale: confrontés à une succession ininterrompue d’images, alternant des instantanés montrant des villes et des montagnes, les vingt-cinq cobayes devaient appuyer sur un bouton à chaque fois qu’un décor urbain apparaissait sur l’écran et s’abstenir en cas de paysage montagneux. Et on ne vous a pas encore dit le meilleur: cette épreuve durait plus de trente minutes.
Bien sûr, certains ont passé la difficulté sans erreur, tandis que d’autres ont passé leur temps à appuyer sur le bouton devant des montagnes et à rester inertes devant les photos citadines. La division du système cérébral en 268 régions et le relevé IRM expliquent cette disparité. Il se trouve ainsi que les gens les plus concentrés sont ceux dont la connectivité cérébrale est la plus forte. Celle-ci est bonne quand le fonctionnement de chaque région d’un cerveau est synchrone avec les autres, c’est-à-dire quand les stimuli de deux zones baissent ou s’accroissent en même temps.
Les scientifiques ont plus tard prélevé ces mêmes données lorsque les individus étaient au repos, avant même qu’ils ne passent l’évaluation. Les éléments obtenus au préalable ont été confirmés par l’expérience.
Pour le moment, l’équipe le reconnaît à demi-mots, le résultat est un peu sommaire mais elle ne désespère pas de pouvoir un jour mesurer la concentration comme on évalue, sous un certain aspect, le quotient intellectuel et ainsi contribuer à repérer plus rapidement les personnes prédisposées aux sauts de concentration et leur venir en aide.