Une idée stupide par jour ou presque. Voilà le rythme effréné qu’Anne Hidalgo a trouvé depuis son élection pour méthodiquement enlaidir Paris. D’une certaine manière, cette obstination force l’admiration.
La dernière nous est parvenue sous la forme d’un communiqué (Hidalgo communique beaucoup, sur tout, tous les jours) : « Les Berges de Seine s’invitent sur les places parisiennes ». On s’attend au pire.
En préambule, et au risque de nous déconsidérer, avouons que la suppression de la circulation sur la partie basse des quais de la Seine, effective sur une partie de la rive gauche depuis un peu plus d’un an, nous paraissait une bonne idée a priori. Paris s’est construit avec et autour du fleuve et la transformation de ses quais en autoroutes, dans les années 60, nous a toujours semblé scandaleuse.
Mais supprimer d’un coup une voie drainant autant de circulation aurait dû être accompagné de mesures drastiques pour diminuer la circulation dans toute la capitale et augmenter parallèlement l’offre de transports en commun (et de parkings aux portes de Paris). Évidemment, rien de cela n’a été prévu.
Plus grave encore : plutôt que d’aménager simplement les berges pour la promenade, la Ville de Paris a voulu les transformer, comme d’habitude, en un espace « ludique », un « lieu de convivialité ». Résultat : des aménagements misérables, ridicules, indignes d’un tel emplacement, comme des « tipis pour que les enfants fêtent leurs anniversaires, des « douches sonores » sous les ponts, des baraquements tenant lieu de cafés, on en passe et des pires. Ce qu’on appelle « un nouvel espace de vie et de liberté ».
Mais l’hiver, quelle tristesse ! La promenade sur les quais devient périlleuse en raison des crues, et les aménagements temporaires sont enlevés. Ils sont donc disponibles ! Et puisqu’ils sont disponibles pourquoi s’en priver ? Ils sont tellement jolis !
Fort du constant que les berges de Seine « ont interrogé la ville de demain comme lieu de partage culturel, de renforcement de la relation entre les citoyens, la nature et l’environnement, et renforcé l’ouverture métropolitaine » (si, c’est écrit comme cela dans le communiqué), l’ « Exécutif parisien » (le E majuscule est d’origine aussi) « propose d’étendre cette dynamique à l’ensemble de l’espace public » ! Ce beau mobilier sera donc « redéployé » pendant l’hiver dans « différents sites de la capitale ». Pas n’importe quels sites : plusieurs place auxquelles Anne Hidalgo a déclaré il y a quelques mois une guerre sans merci. Sont donc concernées : la place de la République (c’est relativement moins grave puisque la municipalité l’a déjà massacrée il y a deux ans) mais aussi la place Teilhard de Chardin (devant l’Arsenal), la place de la Bastille, et la place du Panthéon.
Voilà donc le genre de choses qui va venir orner les alentours du Panthéon, de l’Arsenal et de la colonne de la Bastille (monuments classés, on le rappelle) : les superbes Zzz (qui ressemblent à des containers et que l’on peut louer pour « buller, faire la sieste, bouquiner, jouer aux cartes ou encore faire [sa] demande en mariage ». D’ailleurs, ça ne ressemble pas à des containers, ce sont des « containers maritimes » comme on nous l’apprend sur le site des lesberges.paris.fr2 !
Autre merveille : le « verger » , des plantes en pot où les pots semblent faits avec des matériaux de récupération : on le sait, Anne Hidalgo rêve de « végétaliser » Paris (sauf les Serres d’Auteuil bien sûr) et en particulier la place du Panthéon. C’est un premier pas. On verra aussi les « Mikados », ces morceaux de bois que l’on assemble pour faire des bancs. Une question pourtant : le très raffiné « Satellite des sens » fera-t-il partie des aménagements des quais qui viendront « réinterroger les fondamentaux de l’espace public » ? Le suspens reste entier !
Le communiqué se termine sur cette phrase : « Les Berges de Seine s’affirment ainsi comme un véritable laboratoire expérimental qui essaime dans tout Paris et favorise le partage de l’espace public. »
Tous les termes écrits entre guillemets sont © Mairie de Paris, toutes les photos sont extraites d’un petit film de propagande qu’elle a mis en ligne sur le net.