Le journaliste américain Luke Somers, détenu par Al-Qaïda au Yémen, a été tué par ses ravisseurs samedi 6 décembre lors d’une opération des forces américaines pour tenter de le libérer.
L’opération de sauvetage a été autorisée par le président américain Barack Obama “en coopération avec le gouvernement yéménite”, alors que des “informations indiquaient que la vie de Luke faisait face à un danger imminent”. Au cours de l’opération conduite par les forces spéciales américaines, Luke Somers et un citoyen Sud-africain, Pierre Korkie, ont été assassinés par les terroristes d’Aqpa [Al-Qaïda dans la péninsule arabique, NDLR]. Selon les proches de ce second otage, il devait lui être libéré dans les prochains jours.
Le jeune homme s’était rendu au Yémen il y a deux ans avec l’ambition d’y enseigner. Mais très vite, le photographe amateur, armé de son appareil, commence à saisir des images des rues de Sanaa, la capitale yéménite, alors que le pays est secoué par une crise politique et des violences qui débordent lors des élections de 2012.
Photographe “freelance” pour la BBC, il travaille aussi pour des journaux locaux, notamment le “Yemen Times”, où il est éditeur et traducteur, avant d’être, un jour de septembre 2013, enlevé dans les rues de Sanaa. Somers disait vouloir raconter les multiples histoires des Yéménites ordinaires, montrer leur vie de tous les jours, que ce soit lors d’un rassemblement politique ou dans un hôpital, ou en passant du temps avec des militants handicapés.
C’est tellement important pour les gens ici de savoir que leurs histoires sont entendues et vues”, expliquait-il à la BBC.
Ses photos montrent qu’il n’avait pas peur d’aller au plus près de l’action, saisissant parfois des images crues de victimes des manifestations violentes au Yémen. Il raconte à la BBC que “l’odeur de la mort” restait souvent après qu’il avait fini son travail.
Somers, qui était né au Royaume-Uni mais avait passé la majeure partie de sa vie aux Etats-Unis, avait également dit à la BBC qu’il avait prévu de quitter le Yémen en août 2013, soit un mois avant d’être kidnappé. Son frère Jordan le décrivait avant sa mort comme “quelqu’un de bien”. “Il essaie juste de faire des choses biens pour la population yéménite”, expliquait-il dans une vidéo plus tôt cette semaine, aux côtés de leur mère Paula.
Son meurtre, que Barack Obama a qualifié de “barbare”, intervient quelques jours après que Somers est apparu dans une vidéo dans laquelle il disait que sa vie était en danger et demandait de l’aide, tandis que ses ravisseurs dans une autre vidéo menaçaient de le tuer.