Dans la vie, il y a parfois des erreurs de casting. Ainsi, Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions, c’est Garcimore qui aurait présenté « Apostrophes ». La bête noire de cette ancienne patronne d’Orange ? Le mâle blanc de plus de cinquante ans ; ce qui explique qu’elle ait nommé Michel Field à la tête des rédactions du groupe. Très logique…
Hormis la féminisation de ses équipes, le jeunisme est une autre de ses marottes. Exit, donc, une émission telle que « Trente millions d’amis », pourtant plébiscitée par un large public depuis près de quarante ans. Dehors, David Pujadas, dont le journal télévisé du soir caracolait pourtant en tête des audiences. Au revoir, Julien Lepers, historique présentateur du jeu « Questions pour un champion ». En attendant de renvoyer Michel Drucker et de reprogrammer « Le Jour du Seigneur » le mercredi matin ? Pourquoi pas, sachant qu’il faut ra-jeu-nir !
Petit problème, mais il est vrai que l’on n’apprend pas tout dans les grandes écoles : il n’y a plus guère que les vieux qui regardent la télévision, les jeunes ayant depuis longtemps jeté leur dévolu sur d’autres écrans.
Ce samedi dernier, Frédéric Taddeï, l’un des derniers animateurs s’acharnant à « faire sens », tel que dit désormais, s’alarme de l’ampleur de la catastrophe, à l’occasion d’un entretien accordé au Monde : « Delphine Ernotte ne connaît rien à la télévision. Elle est en train de casser le groupe. Xavier Couture [ancien directeur de TF1 et Canal+, qui vient de démissionner de ses fonctions, NDLR], qui travaille à ses côtés, est atterré et tente de lui faire comprendre certaines choses, mais cela paraît compliqué. »
Ce qui, en revanche, paraît plus simple à comprendre est ceci, toujours à en croire Frédéric Taddeï, qui ne fait que confirmer ce dont le plus distrait des téléspectateurs s’était depuis longtemps rendu compte : « France Télévisions prend aujourd’hui les gens pour des imbéciles et fait une télé en fonction de ce critère. […] Plutôt que d’imaginer une nouvelle chaîne culturelle pour le Web, les responsables devraient programmer des émissions culturelles sur France 2 ou France 3 à une heure décente. »
Il y avait, chez Frédéric Taddeï, un petit air de Michel Polac et ces joutes télévisuelles n’étaient pas sans rappeler une autre fameuse émission défunte : « Droit de réponse ». Bref, tout cela volait généralement assez haut ; trop haut, sûrement, pour une Delphine Ernotte qui n’aurait même pas été capable d’animer « Aujourd’hui madame », émission jadis plébiscitée par la ménagère de moins de cinquante ans des années giscardo-pompidoliennes.
Pour les nostalgiques de débats vigoureux, ne reste plus que « Bistro Libertés », là où Martial Bild s’acharne, avec sa bonne humeur communicative, à faire revivre l’esprit d’une télévision ayant autre chose en tête que vendre du temps de cerveau disponible aux annonceurs, histoire de reprendre la triste formule de Patrick Le Lay, ancien ponte de TF1.
D’ailleurs, des annonceurs, pour combien de temps ? En effet, qui voudrait encore regarder une téloche dirigée par une autre ménagère, de plus de cinquante ans celle-là, Delphine Ernotte ?