Mais où donc repose la grande Sarah Bernhardt ? On tourne dans la division 42 à la recherche de son mausolée. Forcément, celle que Cocteau a baptisée le “monstre sacré” et Victor Hugo “la divine” doit reposer dans un caveau à la mesure de son goût pour l’extravagance. Erreur. Sarah, qui voulait être inhumée face à la mer à Belle-Île, repose dans une modeste tombe dessinée par ses soins, en compagnie de sa mère.
Le 29 mars 1923, une impressionnante marée humaine accompagne Sarah Bernhardt jusqu’à sa dernière demeure du Père-Lachaise. On n’avait pas vu une telle foule derrière un cortège funèbre depuis l’enterrement de Victor Hugo. La comédienne est morte trois jours plus tôt, à l’âge de 78 ans, d’une défaillance rénale, après une agonie de deux jours. La veille, on avait cru qu’elle reprenait des forces, mais son seul rein finit par jeter l’éponge.
Sarah Bernhardt est la première tragédienne à jouer sur les cinq continents. Un siècle avant Madonna, elle manie le scandale pour attirer l’attention des médias. Elle installe un cercueil en bois de rose chez elle pour, prétend-elle, s’habituer à la mort. Elle engendre les premiers paparazzi. Elle est aussi la première femme à se faire couper les cheveux. Elle accueille des animaux sauvages chez elle, dont un alligator qui meurt après avoir trop bu de champagne. À 69 ans, enfin, elle se fait faire un des premiers liftings de l’histoire. À 70 ans, il faut l’amputer de la jambe droite atteinte de tuberculose osseuse, ce qui ne l’empêche pas de continuer à jouer au théâtre et d’apparaître dans des films assise, car elle ne supporte pas de se présenter avec une jambe de bois. Sa mort intervient dans son hôtel particulier, alors qu’elle tourne un film, La Voyante, de Sacha Guitry.