Après avoir diminué depuis 2013, le trésor de guerre du Centre national du cinéma a augmenté de 80 millions d’euros l’an dernier, pour tutoyer les 700 millions d’euros.
Ainsi, vous pouvez éplucher les 139 pages du bilan 2016 du bras armé de l’Etat dans le cinéma, vous ne trouverez pas le montant de cette cagnotte. Ce montant en figure pas plus dans les épais bilans d’activité publiés depuis 2011 par le CNC à la demande de la Cour des comptes qui lui demandait plus de transparence… Et, si vous vous enhardissez et que vous demandez le chiffre au CNC, vous serez poliment éconduits.
Cette cagnotte avait atteint un plus haut de 872 millions d’euros fin 2012. Le montant, révélé par la Cour des comptes, avait suscité un certain émoi. Depuis, le CNC avait puisé dans cette cagnotte, qui diminuait régulièrement, et qui repart donc à la hausse pour la première fois.
Gain immobilier de 40 millions d’euros
Sans surprise, le CNC refuse aussi d’expliquer pourquoi sa trésorerie augmente. On peut toutefois avancer quelques explications. D’abord, l’établissement public a réalisé l’an dernier une excellente opération immobilière, en vendant ses trois immeubles dans le 16ème arrondissement de Paris. Bien sûr, le CNC refuse de dire à qui il vendu et pour combien. Mais le montant figure dans les comptes de l’acquéreur, la société foncière Terreis, qui, elle, publie ses comptes: il s’élève à 91,5 millions d’euros.
Le CNC va déménager en avril prochain dans l’ancien siège d’Aéroports de Paris, au 291 boulevard Raspail, dans le 14ème arrondissement de Paris. Evidemment, le CNC refuse de dire combien il a acheté ce nouvel immeuble. Mais, là encore, le montant figure dans les comptes d’ADP, qui publie lui aussi ses comptes: il s’élève à 52 millions d’euros, payés pour moitié en 2015, et pour moitié en 2016.
Bref, grâce à ce déménagement, le CNC empoche donc 40 millions d’euros. L’objectif était d’ailleurs celui-là: quitter l’arrondissement le plus cher de Paris pour un quartier moins onéreux. C’était l’injonction faite depuis une dizaine d’années par la Cour des comptes, le Conseil immobilier de l’Etat ou France Domaine, qui trouvaient tous trop coûteux les locaux actuels du CNC. Mais l’établissement public a traîné des pieds, refusant longtemps de sortir de Paris, pour déménager par exemple à la Cité du cinéma à Saint-Denis (93).
Grand écart entre prévision et réalité
Mais ce n’est pas tout. Les taxes encaissées en 2016 ont aussi eu un bon rendement. La taxe sur les opérateurs télécoms a rapporté 46 millions d’euros de mieux que prévu, grâce notamment au redressement fiscal de 15 millions d’euros infligé à Bouygues Telecom. Tandis que la taxe sur les billets de cinéma a rapporté 17 millions de plus que budgété, grâce aux nombreuses entrées en salles. En face, les subventions accordées ont été de 19 millions d’euros inférieures à ce qui avait été prévu. Au final, le document de Bercy indique qu’il y a un écart de 155 millions d’euros entre le budget réel et le budget prévisionnel, qui prévoyait au contraire une diminution de 79 millions d’euros de la trésorerie.