Galien est après Hippocrate la plus grande figure de la médecine antique. Ses études anatomiques sur les animaux et ses observations sur les fonctions du corps humain dominèrent la théorie et la pratique médicales pendant quatorze siècles.
Claude Galien est né en 131 après J.C., à Pergame en Asie Mineure, où se trouvait un lieu saint dédié au dieu grec de la médecine Aesclépios, dans une famille de notables, son pèr est architecte et sénateur. Il commence des études de philosophie dans sa ville natale. Il observa tout jeune les techniques médicales d’anatomie de l’époque puis reçut sa formation de médecins à Smyrne, puis entreprit de nombreux voyages autour de la Méditerranée (Corinthe et Alexandrie…), pendant dix ans, pour élargir ses connaissances auprès des médecins les plus réputés de l’époque.
De retour à Pergame en 160, il devient médecin de l’école des gladiateurs ce qui lui permît de faire de notables progrès en chirurgie.
Vers l’an 163, son ambition le pousse à s’installer à Rome où il se rendit célèbre auprès des plus hautes personnalités en vue, d’une part pour ses capacités à faire un diagnostic médical, (en revanche il semble moins doué pour le pronostic des maladies); d’autre part pour son enseignement qu’il illustre de dissections et de démonstrations anatomo-physiologiques spectaculaires qui attirent une foule de curieux.
Vers l’an 169, l’empereur romain philosophe Marc-Aurèle l’engage comme médecin personnel et lui confie la santé de ses fils Commodus et Sextus. Galien passa sans doute le reste de son existence à Rome où il exerça son art auprès de la plus riche clientèle.
A Rome, il ouvre un cours public dans le temple de la Paix où se pressent les plus hauts personnages de la Cour. C’est devant cet auditoire qu’il dissèque des animaux vivants (chèvres, singes, chiens, porcs et même un éléphant) et réalise des expériences
– sur le système nerveux il tente d’expliquer le contrôle des muscles par les nerfs qui partent de la moelle épinière.
– Il observa les fonctions du rein et de la vessie.
– il identifia sept paires de nerfs crâniens ainsi que les ganglions du grand sympathique.
– En outre, Galien donna une description des valvules du coeur et constata les différences de structure entre les artères et les veines et montra que les artères transportent le sang, ce qui était nouveau à l’époque puisque une croyance ancienne disait que les artères transportaient de l’air.
Il montra que le cerveau contrôle la voix: une des expérience consistait à passer un lien autour des nerfs récurents; il pouvait ainsi enlever ou rendre à l’animal l’usage de sa voix, en serrant ou desserrant le lien.
C’est en 165 ou 166 que se situe un événement de sa vie que certains commentateurs jugent avec sévérité. Galien quitte brusquement Rome sans que les motifs en soient clairement établis.
• A-t-il cédé aux attaques de ses confrères, ou à une défaveur de l’Empereur?
• A-t-il voulu éviter de participer à la guerre qui se préparait contre les germains?
• A-t-il fuit l’épidémie de peste et de typhus qui sévissait dans la capitale, par manque de courage professionnel et civique?
Galien semble avoir fait preuve en l’occurence d’une certaine faiblesse humaine. Il voyage pendant trois ans, lorsqu’en 168 Marc-Aurèle le rappelle et lui demande de reprendre sa place à la cour de Rome.
Considérant l’anatomie comme la base fondamentale de la médecine, mais ne pratiquant la dissection que sur les animaux, – l’autopsie des corps humains étant interdite à l’époque – il énoncera des contre-vérités qui ne seront rétablies qu’à la Renaissance (il se trompe sur les rôles respectifs du foie et du cœur, faisant du premier le centre de la circulation sanguine. Il croit à une communication inter-ventriculaire dans le cœur, que l’utérus humain est bifide, au doublement des voies biliaires).
Par contre, son mépris pour la chirurgie contribuera à reléguer cette dernière au rang d’art mineur jusqu’aux travaux d’Ambroise Paré au seizième siècle.
En médecine il admet que les principales causes des maladies sont la pléthore ou excès des humeurs et la cacochymie ou altération des humeurs; la première se combat par la saignée, la seconde par les purgatifs.
Il préparait la thériaque, le célèbre antidote utilisé par Mitridate. La formule de Galien comportait 70 ingrédients, dont le principal était la chair de vipère ainsi que des opiacés, ce qui en faisait le médicament capable de guérir ou d’atténuer les effets des intoxications et des morsures venimeuses.
Organisciste, “les lésions des fonctions viennent des parties malades qui les produisent; les maladies des parties organiques lèsent les fonctions.” A partir de là son diagnostic repose sur l’étude des symptômes. Contrairement à Hippocrate sa thérapeutique repose sur l’emploi des contraires: “contraria contrariis curantur”; les plantes médicinales tenant dans l’arsenal thérapeutique une place de choix, cette partie de la pharmacopée garde encore le nom de “pharmacie galénique”
C’est à l’époque de Galien que remontent à Rome les débuts de la Santé Publique: fontaines pour la distribution d’eau propre, mise en place d’égouts et de latrines publiques, construction de thermes publics et de valetudinaria (établissements de soins tenus comme étant les premiers hôpitaux, à l’usage des vétérans et des infirmes).
Dans son schéma de physiologie humaine Galien reprend la théorie des humeurs d’Hippocrate qui repose sur les 4 éléments (eau, air, terre, feu) qui, combinés aux 4 qualités physiques (chaud, froid, humide, sec), influent sur lesquatre humeurs: le sang, la bile, la pituite et l’atrabile. il y ajoute les quatre tempéraments qui classent les hommes en sanguins (chaleureux et aimables), flegmatiques (lents et apathiques), mélancoliques (tristes et déprimés) et colériques (emportés et prompts à réagir).
Galien fut également admiré par ses contemporains pour les idées qu’il développe en philosophie. Dans son traité De l’utilisation des parties du corps humain, il suivit l’approche d’Aristote selon laquelle il n’y a rien dans la nature qui soit inutile. Il est vitaliste et admet qu’une force vitale appelée “pneuma” émanation de la divinité, gouverne le corps comme elle gouverne le monde.
Selon Galien l’essence de la vie “pneuma” se manifeste sous trois formes principales:
– Le “pneuma physique” ou esprit naturel siège dans le foie; centre de la nutrition.
– Le “pneuma psychique” ou esprit animal siège dans le cerveau; il occupe le centre des sensations et de l’intelligence.
– Le “pneuma zootique” ou esprit vital siège dans le coeur et les vaisseaux; qui est le centre des pulsations. A quelques réalités près, ce système que Galien voulait logique et simple, apparaît confus et surtout entaché d’erreur.
La principale contribution de Galien à la philosophie fut de mettre en forme le concept selon lequel les objectifs de Dieu sont explicables par l’observation de la nature. “Il faut connaître et révérer la sagesse, la toute puissance, l’amour infini et la bonté du créateur de l’Être.” La conviction de Galien de l’existence d’un dieu unique, créateur du corps humain, incitera l’Eglise à adopter cette doctrine qui se rapprochait le plus des aspiarations de ses dignitaires et fera ainsi admettre son autorité par l’Eglise. Ainsi, pendant longtemps, s’opposer à Galien signifiera s’opposer à l’Eglise ce qui explique sans doute son influence quasi constante auprès du corps médical jusqu’au XVI ème siècle ( soit pendant 1400 ans !)
Du point de vue du développement de la médecine, l’oeuvre de Galien se résume en une tentative brillante mais sans lendemain. Il se pose lui-même comme le successeur et le continuateur d’Hippocrate; il commente le plus souvent avec pertinence les théories qui se sont affrontées avant lui. Malheureusempent convaincu de son infaillibilité, dépourvu de modestie dans l’énoncé de ses succès, Galien fait état de sa propre valeur avec complaisance et parfois exagération.
On peut reprocher à Galien ses erreurs redoutables, son incorrigible fatuité et sa fâcheuse tendance à subordonner les résultats de ses observations à son finalisme préconçu.
Galien meurt à Rome ou à Pergame vers 201.
Galien a produit environ cinq cents textes sur la médecine, la philosophie et l’éthique, dont la plus grande partie fut détruite en l’an 192 lors de l’incendie du Temple de la Paix à proximité duquel ils étaient conservés. Quatre vingt trois ouvrages restent considérés comme authentiques, de nombreux autres sont d’origine douteuse. Ses ouvrages médicaux furent traduits au IXe siècle par des intellectuels arabes et furent hautement considérés par les humanistes de la Renaissance.
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