Tout est bon pour créer la polémique autour des mairies Front national. La municipalité de Fréjus envisage de demander à une quinzaine d’artistes et d’artisans d’art de faire découvrir la beauté de leur métier aux enfants des écoles, en échange de la modicité des loyers qu’ils règlent à la ville. Tollé dans les médias !
— Monsieur le Maire, pour quelles raisons avez-vous pris cette décision ?
— Depuis plus de 20 ans, la municipalité fréjusienne, adhérente de l’Institut national des métiers d’art, met à disposition 16 locaux, au cœur du centre historique, au profit d’artisans, à des tarifs exceptionnellement modérés. Un bénéfice pour ces artisans comme pour la ville, et une situation qui n’a aucunement été remise en cause par la nouvelle municipalité élue en mars 2014. Moyennant quoi, ces artisans bénéficient d’un prix de location au tarif de 2,50 euros/m2 mensuels, alors que la moyenne se situe plutôt entre 10 et 20 euros.
En contrepartie de ces tarifs très préférentiels, les artisans se sont notamment engagés, par convention, à « participer à la vie culturelle et artistique de la commune à travers diverses manifestations, animations, rencontres, démonstrations, expositions de travaux réalisés ou en cours, développement d’actions pédagogiques organisées par la ville ». Dans le cadre de l’aménagement des rythmes scolaires – qui, rappelons-le, coûte de l’ordre de 400 000 euros au contribuable fréjusien en cette année 2015 –, la ville a donc sollicité, afin d’apporter aux enfants de primaire un éveil artistique et conformément à la convention, certains artisans d’art pour animer des ateliers de découverte pour les enfants. Et là, à la surprise générale, cette initiative de bon sens suscite un tollé de la part de quelques-uns, animés par des motifs qui ne veulent évidemment pas être qualifiés de politiques.
Il s’agit en fait d’assurer, dans des locaux municipaux ou dans leurs ateliers si ceux-ci le permettent, durant un trimestre, à raison d’1 h 30/semaine, l’initiation artistique d’un petit groupe d’enfants encadrés par un animateur, ces activités entrant dans le cadre des assurances RC existantes. Une animation ayant fait l’objet, depuis plusieurs mois, d’échanges entre la ville et les artisans d’art et devant être finalisée pour la rentrée.
— Quelles ont été les réactions des artistes : d’emblée hostiles, ou prêts à « jouer le jeu » ?
— Cette « fronde » a été pilotée par un seul individu, parangon de l’artiste bobo, grand défenseur de la culture égoïste et élitiste d’une gauche bien pensante. Cette personne, auto-proclamée porte-parole, s’est fendue dans la presse de son horreur envers les principes du donnant-donnant, de la solidarité, du partage des connaissances, ou encore de la transmission de savoirs artistiques à des enfants.Nous n’avons, une fois de plus, pas entendu la majorité silencieuse, ouverte au débat et à l’échange, mais encore et toujours le sectarisme et le « charlie » à géométrie variable de service.
— Vous attendiez-vous à des réactions hostiles des médias ?
— Bien évidemment, les escadrons médiatiques s’en sont donné à cœur joie et avec toute l’objectivité qui les caractérise, sans prendre connaissance des spécificités locales, de la convention existante ou du consensus de cette proposition.
Je souhaiterais ici, si vous me le permettez dans votre journal, dénoncer encore une fois cet état de fait : les abus de cette presse aux abois, inféodée à l’argent et gavée de polémiques stériles et de peopolisation à tout va ! Où était cette presse lorsque j’ai décidé de protéger et de renforcer ma police municipale pour la sécurité des Fréjusiens ? Où était-elle lorsque j’ai lancé aux arènes des spectacles grand public de qualité et avec des artistes de renommée mondiale ? Où était-elle lorsque nous avons baissé la dette de la ville de plus de dix millions d’euros et maintenu, voire baissé, les impôts locaux ? Je vais vous le dire, elle était bien ailleurs, à affûter sa plume pour saisir le moindre début d’une éventuelle polémique pour satisfaire au bon plaisir du système.
En somme, je fais mon travail, qu’ils fassent le leur. Le temps de relever le niveau politique et médiatique de ce pays est venu. Quand j’entends les propos tenus par le ministre Fleur Pellerin, je ne peux que constater les dégâts : sur l’échelle de la responsabilité, je pense que promouvoir la culture auprès des enfants par l’intermédiaire d’artistes reconnus (ce que nous souhaitons à Fréjus) est plus intéressant qu’installer un plug anal place Vendôme ou la reproduction d’un vagin au milieu des jardins du Château de Versailles.
— Que pensent vos administrés de cette mesure ? Sont-ils impressionnés par les réactions effarouchées de la presse ?
— Je le répète : Non, Mozart n’a pas été assassiné ! J’ai reçu en l’espace d’une journée des dizaines, voire des centaines de messages de soutien, administrés, usagers et artistes compris.
Ici, la république des fainéants et des privilégiés n’a plus lieu d’être ! Fréjus se doit d’être une ville exemplaire, non pas parce que la municipalité est Front national, mais pour le bien des Fréjusiens, pour améliorer leur qualité de vie, pour baisser leurs impôts locaux, etc. Naïvement, les municipalités FN pensent qu’un maire est au service de ses concitoyens et pas l’inverse. Ce n’est pas l’avis, apparemment, des médias et des partis du système accrochés au pouvoir, à leurs places et à leurs prébendes. Cette règle saine de la République n’est pas respectée, au vu de la gestion calamiteuse de ces professionnels de la dette, de ces fossoyeurs de notre identité et de nos traditions séculaires.
Propos recueillis par Anne Le Pape pour Présent