La révolution d’Evariste (Vidéo)

1968!  Cohen-Bandit m’a fait comprendre que tu  étais con et moi je veux faire la révolution! Coiffé (presque) comme les jeunes Les Républicains d’aujourd’hui, Evariste fut une gloire!

evanband

En 1966, les frais de la guerre du Viêtnam amènent une réorientation des crédits dans les universités américaines. Un Français, Joël Sternheimer,  né en 1943, docteur en physique théorique de 23 ans, voit son poste d’assistant à Princeton (chez le professeur Wigner) supprimé. À cette époque, en France, le phénomène Antoine prend l’allure d’une véritable révolution, son diplôme d’ingénieur le met à part du monde classique de la pop et ses textes abscons fascinent, Évariste écrit quelques chansons. Il passe avec succès une audition chez Disc’AZ (obtenue via un ami rencontré au restaurant de l’École normale supérieure), et enregistre en quelques jours, sous le pseudonyme d’Évariste (référence à Évariste Galois), un disque en forme de dialogue surréaliste entre un oiseau de nuit et un saurien rugissant, qui, dans le sillage d’Antoine et de ses élucubrations, connaîtra lui aussi un vif succès : Connais-tu l’animal qui inventa le calcul intégral ?.

Cette escapade se voulait au départ sans lendemain. L’année suivante éclata cependant en France Mai 68, qui poussa le chanteur à reprendre la guitare pour enregistrer, en autogestion cette fois — avec l’aval du patron de Disc’AZ, Lucien Morisse — un disque aux accents plus clairement politiques :

« Si j’suis tombé par terre
C’est la faute à Nanterre
Le nez dans le ruisseau
C’est la faute à Grimaud… »

Lucien Morisse, ne peut sortir ça mais obtient du presseur de disque qu’Évariste ait les mêmes tarifs qu’eux, il lui offre également l’usage du studio d’AZ. Évariste publie donc un des premiers 45T autoproduits de France. La pochette est illustrée par Georges Wolinski, qui le présentera à la bande d’Hara-Kiri. Le disque est un succès et permet au chanteur de mettre de belles sommes de côtés, qui serviront notamment à financer des recherches indépendantes.

L’année suivante, alors que Claude Confortès décide de réaliser un spectacle à partir de la série de dessins de Wolinski Je ne veux pas mourir idiot, Évariste est chargé d’en écrire et interpréter les chansons.

Il s’éloigne ensuite progressivement de la chanson, même s’il interprète quelques titres plus calmes, pour se consacrer pleinement à la recherche. Son dernier disque, toujours autoproduit et illustré par Wolinski, paraît en 1975, toujours dans la même veine humoristique-révolutionnaire. Il s’intéresse ainsi aux relations possibles entre la croissance des plantes (et plus généralement la synthèse de protéines) et leur exposition à des séquences musicales.

Source

Related Articles