Le travailliste Sadiq Khan vient de remporter la mairie de Londres avec 44% des voix, selon des résultats provisoires annoncés par plusieurs médias britanniques. Il a “incontestablement gagné”, a commenté en fin de joutnée Peter Kellner, de l’institut de sondage YouGov. Sadiq Khan bat ainsi le conservateur et fils de milliardaire Zac Goldsmith.
Après “Ken le rouge” (Ken Livingstone) et “Boris le clown” (Boris Johnson), on ne connaît pas encore le surnom que les Londoniens vont coller au premier maire musulman de l’histoire britannique, mais on sait déjà pas mal de choses sur lui.
Né en 1970, il a été élevé dans un HLM à Tooting, un quartier au Sud de Londres, au milieu de ses 6 frères et de sa sœur, par un père qui conduisait les fameux bus à impériale et une mère couturière.
“J’étais pile au milieu. Je n’étais pas le plus fort, mais j’étais le négociateur le plus habile. Il n’y avait que trois chaînes de télé. J’ai appris beaucoup sur la diplomatie en grandissant”, a-t-il raconté dans une tribune dans le “Guardian”.
Sadiq Khan est un musulman pratiquant, ce qui ne l’a pas empêché de se prononcer pour le mariage gay, de regretter l'”inacceptable image anti-juifs” du parti travailliste ou de faire campagne pour sauver un pub de Tooting, sa circonscription. Pourtant, même Londres la multiculturelle regarde avec circonspection l’arrivée de Sadiq Khan à sa tête : l’été dernier, 31% des Londoniens se disaient mal à l’aise à l’idée d’avoir un maire musulman dans un sondage LBC/YouGov.
Mais pour le camp conservateur, Sadiq Khan n’est pas seulement musulman : c’est “un danger pour Londres”, “un radical” qui “fournit une couverture aux extrémistes”. Ces accusations ont traversé toute la campagne. L’histoire d’un ex beau-frère tombé dans l’islam radical, de vieilles affaires qu’il avait défendues en tant qu’avocat ont refait surface dans les mois précédents l’élection. Lui est resté digne face à ces amalgames : “C’est une campagne très nauséabonde”, a-t-il ainsi déclaré dans “The Observer”.
Boucheries halal, magasins de saris, épiceries indiennes et logements sociaux : c’est à Tooting, le “petit Pakistan” du Sud de la capitale britannique que Sadiq Khan a grandi. C’est là aussi qu’il a été élu député en 2005, puis réélu en 2010 et 2015. Et c’est là qu’il vit toujours, dans une maison un peu plus grande que celle de son enfance, avec sa femme Saadiya, avocate, et leurs deux filles adolescentes.