Qui a massacré Sébastien Jallamion et pourquoi?

Sébastien Jallamion vient de sortir de l’hôpital consécutivement à une lourde opération qui  faisait suite à ses terribles blessures au visage occasionnées par une agression qui pose beaucoup de questions.

Riposte Laïque : Je te propose de revenir sur ces deux dernières semaines. Tu es invité le 23 avril à Viviers par Alain Barnier, au nom de Viviers Bleu Marine. Le dimanche 25, sur ta page facebook, tu donnes les noms de trois personnes de la police que tu estimes responsables de ta suspension. Nous nous rencontrons le mardi 26 avril, à midi, dans l’Ardèche, autour d’une bonne table, pour approfondir certaines discussions. Et c’est le mardi 26, au soir, que tu es très violemment attaqué et blessé dans les rues de Lyon. Te souviens-tu des circonstances de cette agression ?

Sébastien Jallamion : Je me suis rendu à Lyon visiter des proches, avec qui j’ai passé la soirée. Alors que je regagnais mon véhicule, j’ai reçu un coup dans le dos qui m’a fait tomber au sol. J’ai alors été frappé à plusieurs reprises au niveau du visage, sans que je ne puisse réagir. Un automobiliste s’est arrêté et a crié, mettant en fuite mes agresseurs (ils étaient au moins deux) qui l’ont invectivé (avec un fort accent maghrébin) avant de monter à bord d’un véhicule. Les pompiers, ainsi qu’un équipage de police, sont intervenus et j’ai été conduit aux urgences où l’on m’a diagnostiqué une pluralité de fractures des os du crâne (mâchoire, nez, ainsi que sous l’oeil gauche). J’ai également perdu trois dents.

Riposte Laïque : Quel est ton état physique, à cette heure ?

Sébastien Jallamion : J’ai été opéré mercredi 4 mai. L’intervention a duré deux heures et demie, et le chirurgien m’a posé trois plaques métalliques dans le crâne afin de reconstituer une partie de mon visage. Je devrai les garder à vie. Après deux jours d’observation liés au risque de compression d’un nerf optique, j’ai pu regagner mon domicile où je reçois des soins quotidiens en attendant un prochain bilan post opératoire.

Jallamionpolicier

Riposte Laïque : Tu as rapidement communiqué sur cette affaire, et évoqué une agression de type racaille. Pourtant, la violence des coups qui t’ont été portés et l’organisation mise en place (une voiture attendait les agresseurs) ne ressemblent pas à une attaque classique de voyous…

Sébastien Jallamion : Je suis très surpris par la violence et l’efficacité de cette agression et je m’interroge aujourd’hui quant à ce qui aurait pu m’arriver si un automobiliste ne s’était pas rapidement manifesté. D’après le chirurgien qui m’a opéré, il paraît impossible que de telles fractures aient été causées par des coups portés à mains nues. J’ai bon espoir que l’enquête permette l’identification des auteurs, seul moyen de savoir quel était leur mobile. A l’évidence cela n’est pas très clair, et j’ai hâte de connaître la vérité.

Riposte Laïque : Manifestement, ton agression n’a pas intéressé la presse traditionnelle, que nous appelons de propagande, qu’elle soit locale ou nationale, et pas davantage ton ministre (car tu n’es pas radié définitivement de la police), qui, de passage à Lyon le week-end dernier, n’a pas jugé utile de t’apporter un mot de soutien. Cela t’étonne ?

Sébastien Jallamion : Absolument pas. J’ai clairement compris à travers l’acharnement dont j’ai fait l’objet sur le plan administratif et sur le plan judiciaire, que j’étais « l’homme à abattre », au seul motif que j’ai eu le tort de déplaire aux mauvaises personnes, du fait de mes opinions. Ma hiérarchie m’a traité comme un voyou, et continue à le faire, sans qu’il n’y ait un lien quelconque avec ma valeur professionnelle. Ce qui me rassure, c’est que la disproportion entre les faits qui me sont reprochés et les sanctions dont je suis l’objet n’échappe à personne…

Je tiens par ailleurs à apporter une précision qui en surprendra plus d’un : aucun équipage de police n’est venu prendre ma plainte à l’hôpital alors que c’est la procédure habituelle en matière de flagrance et lorque la victime ne peut se déplacer. J’ai dû attendre une semaine pour me rendre à la gendarmerie de mon domicile, qui transmettra le dossier aux services de police de Lyon pour qu’ils poursuivent l’enquête dans la forme préliminaire.

Riposte Laïque : Comment réagissent tes collègues à tout cela ? Espères-tu réintégrer la police un jour ?

Sébastien Jallamion : Je reçois de nombreux soutiens de la part de mes collègues, de manière plus ou moins discrète, certains ayant peur (et je le comprends), de le faire publiquement au risque d’avoir eux aussi des problèmes. S’agissant de ma réintégration, elle est prévue d’office le 6 octobre 2017, sauf que depuis la Cour d’Appel de Lyon m’a condamné à une peine de 200 jours-amende à 25 euros avec inscription au bulletin N°2 du casier judiciaire. Cette seule inscription entraîne ma révocation d’office, mais est suspendue par le pourvoi en cassation que j’ai décidé de faire sur les conseils de mon avocat Me Gabriel Versini. Dans l’hypothèse qui m’est la plus favorable, il existe aujourd’hui un obstacle supplémentaire : celui des séquelles médicales de mon agression qui pourrait entraîner mon inaptitude à exercer.

J’aime mon métier, et je suis affecté de ne plus pouvoir l’exercer pour des motifs qui n’ont rien à voir avec ma manière de servir, sur dénonciation d’autres policiers qui ont un point commun : aucun d’entre eux ne partage mes idées. Ce n’était pas une raison pour organiser ma mort sociale. Ce qu’ils m’ont fait est symptomatique d’une réalité inquiétante : il y a au sein de notre institution des éléments dont la servitude à l’égard du pouvoir politique n’a d’égal que la volonté de faire carrière à tout prix. Si nous voulons assurer efficacement la sécurité de nos concitoyens, il faudra se pencher sur ce problème.

Propos recueillis par Pierre Cassen – Riposte laïque

Interview de l’avocat de Sébatien Jallamion relatant son affaire, juste avant cette terrible agression.

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