Les Enfants de Sidi-Ferruch qu’évoque Jean-Pierre Hutin dans son livre de souvenirs colorés ne sont pas des enfants mais les parachutistes Coloniaux de Bigeard, cantonnés dans cette ville d’Algérie pendant la guerre. L’auteur s’est engagé en 1958, très jeune, dans cette troupe d’élite et nous raconte – dans une langue ‘san-antonionesque’ – au-delà de la vie très dure qu’il y mena pour devenir un ‘léopard’, c’est-à-dire un soldat d’élite, les accrochages avec les fellaghas, les morts, les blessures, les ‘virées’ pendant les permissions, comme les bagarres homériques mais fraternelles avec les Légionnaires, autres soldats d’élite très sourcilleux… Faire la guerre – en obéissant aux ordres – semble avoir été l’unique ‘morale’ de ces jeunes hommes mêlés, sous des Saint-Cyriens, à des vieux grognards d’autres guerres, dans d’autres camps, pour devenir une sorte de confrérie du courage absolu, indifférente sinon méprisante pour les autres, civils, politiciens, gradés, pieds-noirs, etc., à l’exception assez compréhensible des fellaghas qui vivaient la même vie face à eux.
L’auteur qui a vécu une guerre terrible, des djebels à la Casbah d’Alger, en a gardé la marque indélébile comme tous les soldats de toutes ces guerres qui leur étaient incompréhensibles : le sentiment d’avoir joué sa vie pour rien, pour d’autres douillettement à l’abri. S’il a survécu – sans trop savoir pourquoi comme tant d’autres revenus de Stalingrad ou d’Okinawa – il ne regrette rien, à l’image des paras du 1er REP…
Les enfants de Sidi-Ferruch de Jean-Pierre Hutin, Editions le spot à commander à l’auteur:
Le bois de Cimiez, 4 avenue Sainte Claire, 6100 Nice. 15 euros franco de port.