La FCGA et la Banque populaire viennent de révéler l’évolution du chiffre d’affaires des TPE en 2013.
Surprise: les métiers qui s’en sortent le mieux ne sont pas toujours ceux qu’on croit.
Les tops des TPE…
Souvent pointées du doigt comme une profession en danger, les libraires indépendants (qui font aussi papeteries et dépôts de presse) créent la surprise en décrochant la première place de l’observatoire, réalisé à partir d’un échantillon de 15.000 petites entreprises de l’artisanat, du commerce et des services. C’est en effet ce métier qui connaît la plus belle croissance d’activité en 2013.
Comment expliquer cette performance inattendue? Par l’essoufflement des grands sites de vente de livres en ligne, tout d’abord, selon les rédacteurs du rapport. Par la disparition de deux acteurs majeurs de la distribution de biens culturels (Virgin et Chapitre), ensuite. “Bien sûr, l’ensemble de la population cliente de ces deux enseignes ne s’est pas redirigé vers les librairies indépendantes”, nuance Yves Marmont, président de la Commission des études économiques de FCGA, “mais comme elles étaient implantées dans des grandes villes, automatiquement il y a une réallocation des clients vers les librairies du centre ville.” Enfin, la FCGA et Banque populaire évoque un “attachement renouvelé des consommateurs aux librairies traditionnelles”.
Difficile de valider cette affirmation en l’absence de données fiables sur le sujet. Toutefois, Yves Marmont mentionne avec pertinence l’avantage comparatif des librairies indépendantes face à leurs concurrents (grandes enseignes et e-commerçants): la relation personnalisée au consommateur. “Il y a l’aspect -que l’on retrouve dans beaucoup de commerces de proximité- de conseil, de service.”
Si 2013 a donc été un bon millésime pour les vendeurs de livres, il n’est cependant pas encore temps de crier victoire. “Il faut toujours relativiser les chiffres”, rappelle Yves Marmont. “Ce n’est pas parce que les librairies ont fait +8%, qu’elles vont faire +8% également l’an prochain également. J’ai regardé les chiffres sur les 5 dernières années, il y a eu des hausses et des baisses. L’année dernière, le chiffre d’affaires avait chuté.” D’ailleurs,l’analyse qu’a faite Xerfi de “la situation économique et financière des librairies indépendantes” sur la période 2005-2012 montre que leur situation n’est pas aussi florissante que ne le laisse penser leurs ventes en 2013.
“Au sein d’une industrie des biens culturels minée par le contexte économique et la démonétisation croissante des contenus, le livre a longtemps fait figure d’exception”, peut-on y lire. “Mais depuis trois ans, les ventes baissent (de -2% à -3% en valeur cumulée entre 2010 à 2012). (…) Dans ce contexte, les performances financières des libraires ont accusé le coup. Déjà préoccupantes en 2009, elles ont continué à se dégrader significativement. Pour preuve, le taux de résultat net de l’ensemble de la branche est tombé à 0,6% en 2011. (…) A l’échelle des petites librairies (…), la situation est encore plus critique. Prises en tenaille entre la chute de leurs ventes et la hausse chronique de leurs charges – loyers et frais de transport en tête –, elles affichaient un taux de résultat net moyen de -0,6% en 2011.”
Hormis les libraires, les métiers qui paraissent le mieux résister aux difficultés économiques figurent dans le diaporama ci-dessous.
Intéressons nous désormais aux secteurs et non plus aux professions. L’observatoire de la petite entreprise en distingue quatre dont les performances se sont améliorées en 2013: les services ( +3,1% contre -1,4% en 2012), les entreprises de parcs et jardins (+2,2% contre +1,9% en 2012), l’artisanat du bâtiment (+1,6% contre -4,8% en 2012) et le commerce de détail alimentaire (+1,4% contre +0,6% en 2012).
… et les flops
A l’inverse, il est des secteurs qu’on imagine à priori à l’abri de la crise et qui la subissent pourtant de plein fouet. Ainsi, les prothésistes dentaires. Leur activité en chute de -12% en 2013, représente le pire score de l’étude menée par FCGA et Banque Populaire. Pour les rédacteurs du rapport, l’explication de ce déclin est multiple: “La conjoncture se dégrade gravement dans les laboratoires en 2013. (…) Le secteur, qui regroupe 3.800 entreprises, est confronté à une accélération du mouvement de concentration qui est à l’origine de la diminution du nombre de prothésistes dentaires. Excédés par les tarifs élevés des prothèses pratiqués par les chirurgiens-dentistes, les consommateurs semblent différer certains soins ou rechercher des solutions alternatives.”
Les entreprises de carrelage et de faïence sont également à la peine (-7,4%) ainsi que les commerces de cycle et scooters (-6,4%). “C’est une des seules professions pour laquelle il y a une baisse linéaire”, constate le président de la Commission des études économiques, à propos des vendeurs de deux-roues.
Plus largement, cinq secteurs affichent un recul de leur chiffre d’affaires en 2013: l’équipement de la personne (-4,3% contre -2,0% en 2012), la vente et réparation automobile (-3,2 % contre -0,3 % en 2012), la culture et les loisirs (-1,6 % contre -0,1 % en 2012), les métiers de la santé :(-0,9 % contre -0,7 % en 2012) et les transports :(+0,3 % contre +0,8 % en 2012).
Les petites entreprises stagnent
De manière générale, l’activité des TPE s’est maintenue en 2013: “elles ont résisté puisque l’indicateur est proche de zéro, à -0,1%”, explique Yves Marmont. Mais les rapporteurs de l’étude se veulent vigilants. “Même si l’indice moyen d’activité s’améliore (-0,1 %, contre -2 % en 2012), quasiment tous les secteurs sont fragilisés et l’absence de perspectives à court ou moyen terme a un effet dévastateur sur le moral des entrepreneurs”, alerte Christiane Company, présidente de la FCGA, dans le communiqué. Yves Marmont, lui, rappelle que l’observatoire se base sur l’analyse de chiffres d’affaires, mais que le résultat, lui, n’observe pas forcément la même hausse, alors qu’il reflète la santé économique des entreprises.
Toutefois, le président de la Commission des études économiques semble confiant pour l’avenir. “Je pense que 2014 sera une année positive. Pour les deux premiers mois, on est toujours à -0,1% de croissance. Mais je pense qu’au deuxième semestre on devrait peut-être tourner autour de +0.6% et je table sur +0.4% à la fin de l’année. On devrait repartir sur une petite croissance. On a toujours remarqué qu’avec les USA on avait deux ans de retard, or les Etats-Unis ont déjà redémarré. Donc l’économie française devrait reprendre doucement. Cela permettra de retrouver un petit sourire même si ce n’est pas une franche rigolade.”
Méthodologie:
Tous les mois, près de 70 centres de gestion agréés (CGA), répartis sur l’ensemble du territoire national, transmettent les chiffres d’affaires, rendus anonymes, de leurs adhérents à la Fédération. Les indices d’activité sont calculés chaque trimestre, à partir des chiffres d’affaires d’un échantillon de 15 000 petites entreprises de l’artisanat, du commerce et des services. L’évolution des activités est pondérée par le nombre d’entreprises recensées par l’INSEE dans chaque secteur considéré. Un questionnaire est parallèlement adressé chaque trimestre à près de 2 000 petites entreprises représentatives, permettant d’établir le baromètre du moral des dirigeants et de leurs intentions d’investissement et de recrutement.