Botticelli Inferno traite d’une exposition consacrée aux illustrations proposées par le célèbre peintre florentin à la Divine Comédie de Dante. Il s’agit d’une suite de nombreux dessins réalisés sur vélins ; la technique a été d’une grande finesse. C’est là un aspect relativement méconnu du travail de Botticelli, qui est mis en valeur et rigoureusement étudié dans ce documentaire. Les dessins étaient inclus dans un livre comprenant, manuscrit, le texte intégral de Dante. Décomposé, par fatigue naturelle ou action de marchands peu scrupuleux, le livre a été reconstitué par des collectionneurs français puis britanniques, aux XVIIIème et XIXème siècles. Après de nombreux voyages, bien reconstitué désormais, le manuscrit a fini au Musée de Berlin à la fin du XIXème siècle. Botticelli a été très coté au XIXème siècle, mais avait été à demi oublié aux XVII et XVIIIème siècles. Le film permet aussi une révision du long poème de Dante. Le récit de Dante, comme les illustrations de Botticelli, ne se comprennent pleinement que dans le cadre de l’univers mental encore fondamentalement catholique de la Renaissance italienne. Quelques figures mythologiques païennes figurent au plus dans les Enfers, ce qui n’est vraiment pas une place flatteuse.
Le documentaire tend à répartir son explication didactique des dessins tout au long du film, ce qui se conçoit pour maintenir l’attention des spectateurs. Le propos est alors parfois à la limite du sujet ; mais on pardonne volontiers lorsqu’il s’agit de vues magnifiques, intérieures et extérieures, de Florence et de Rome, sur les pas de Botticelli. Même si ces vues ont également leur beauté, les séquences filmées en Ecosse, qui illustrent certes l’histoire du manuscrit, sont un peu longues et fort éloignées du sujet. De même, pourra-t-on regretter les micros-trottoirs urbains du type : Qu’est-ce que l’Enfer pour vous ? proposés dans les rues à Florence aux quidams qui étalent leur ignorance générale et en particulier leur ignorance religieuse.
Botticelli Inferno reste dans son ensemble fort intéressant. Le paradoxe est que finalement le spectateur du film voit probablement mieux les fameux dessins de Botticelli que les visiteurs de l’exposition physique, forcés de se frayer un accès dans la foule, et probablement ennuyés par les reflets de certains vitrages. Les traits des personnages dessinés par Botticelli sont particulièrement vivants. Le documentaire met en valeur ses repentirs multiples, son souci permanent d’équilibre et de dynamisme dans la composition. Botticelli Inferno montre un Botticelli méconnu, avec des illustrations à tonalité souvent sombre, contrastant fortement avec ses tableaux les plus connus, tout en sérénité lumineuse, de ses Madones à ses Vénus.
Botticelli Inferno passionnera certainement les amateurs d’Histoire de l’Art.
Lu sur Réinformation TV