Quand on dit qu’en France, c’est un peu le bordel, il ne s’agit pas forcément d’une formule de style, quoi que de bordels il n’y ait plus. Pis : ce sont désormais les clients de prostiputes qui seront mis à l’amende. Ainsi, notre actuel gouvernement, qui n’a sûrement que ça à faire, entend lutter contre le commerce du pain de miches en cinq points – façon technocratie -, méthode qui, rappelons-le, n’a rien d’une déviance sexuelle, tel que son nom pourrait éventuellement le faire croire. Bref, la fin de l’entrepreneuriat promu par Emmanuel Macron et des petits métiers de jadis, chers à Lulu la Nantaise, semble-t-il.
Premier point. Le client sera pénalisé jusqu’à hauteur de 3.750 euros, ce qui met le prix de la turlute et/ou de la saillie furtive à des tarifs plus que prohibitifs. Sans compter le coût social de la chose : quid de la détresse affective des retraités solitaires, des handicapés monotesticulaires, des déçus de l’UMP ou des généraux retraités, coutumiers des sorties de route en plein ouvrage ?
Deuxième point. C’est la fin du délit de racolage passif. Derrière quels artifices – ou artifesses – pouvaient se dissimuler cet énigmatique comportement ? De tout temps, les filles de joie ont toujours évité de tapiner en doudounes et col roulé, même à destination des petits chauves. Dans tout commerce, il faut bien appâter le chaland et déballer un brin de marchandise, non ? Là, le mystère législatif demeure entier.
Troisième point. Des « mesures d’aides et d’accompagnement », histoire de sortir les filles concernées du fatal engrenage en question. Près de cinq millions d’euros devraient être mis sur la table. Un peu chère, la passe, sachant que pour ce prix, il est possible de s’envoyer en l’air, une nuit entière, avec tout le personnel dansant du Lido et des Folies Bergère, pour peu qu’on ait encore la santé vaillante.
Quatrième point. Un titre de séjour pour les prostituées étrangères. Nous y voilà. Comme ça, les filles travaillant pour des réseaux mafieux, qu’ils soient issus d’Europe de l’Est ou d’Afrique noire, pourront donner de leur personne en toute légalité. En attendant que leurs harengs puissent bénéficier du régime d’auto-entrepreneur ? Et concurrencer nos filles de chez nous, qui ne comptent pas leurs heures en arpentant le bitume du boulevard aux asperges ? Il paraît qu’il faut acheter français, mais à quoi bon, quand il devient impossible d’emmener Popaul au cirque tricolore…
Cinquième point. La création d’une nouvelle instance dans les conseils départementaux, nouveau comité Théodule chargé de lutter contre « la traite des êtres humains ». Pour cela, s’adresser à Pierre Gattaz serait déjà plus pertinent, sachant qu’en matière d’exploitation de pauvres et de pauvresses, l’homme en connaît un… putain de rayon.
Après, toujours l’éternelle antienne, la martingale fatale consistant à rouvrir les Panier fleuri de jadis et rallumer les lanternes rouges d’antan. Le bidule fut jadis institué et codifié par Louis IX, alias Saint Louis, roi des plus pieux qui, précédant Michel Audiard en la matière, savait que fermer le bordel demeure encore le meilleur moyen de le déclencher.