De mémoire de journaliste, la cour de l’Élysée n’avait jamais résonné d’un torrent d’insultes comme ce fut le cas mercredi dernier à la sortie du Conseil des ministres où, interrogée sur le propos qu’avait tenu à son égard le député Gérald Darmanin, Christiane Taubira n’y est pas allée par quatre chemins.
Considérée par le jeune maire de Tourcoing comme étant « un tract ambulant pour le FN », le garde des Sceaux lui a répondu par un torrent d’ordures. Sans même prendre le temps de reprendre son souffle, elle a déclaré sans sourciller : « Lorsqu’une personne est à ce point pauvre, indigente, moralement, politiquement, culturellement, lorsqu’une personne est à ce point indifférente aux dégâts considérables qu’elle peut produire par ses paroles qui sont des insultes, qui sont surtout des déchets même de la pensée humaine, je n’en attends rien ».
Elle n’a pas oublié de l’attaquer sur son incompétence due à sa jeunesse. « Franchement je trouverais pitoyable du fait de son jeune âge – sans doute à cause de la déliquescence de son parti – qu’il en soit contraint à s’exprimer, à tenir des propos qui ne sont pas éclairés par l’idéal républicain. » Tout ça pour un jugement émis par un député dont le droit de critiquer est plus qu’un droit : c’est un devoir. Et j’ajouterai qu’en insultant ainsi un député, elle insulte l’ensemble de ses électeurs en leur faisant entendre qu’ils avaient choisi une nullité pour les représenter à l’Assemblée nationale.
Car qu’a dit Gérald Darmanin ? Il a simplement souligné le fait que toute l’action du garde des Sceaux conduisait les Français à rejeter sa politique laxiste et qu’elle avait une fois pour toute, malgré ses dénis, choisi de privilégier les criminels aux victimes, et que conséquemment, ces Français allaient choisir de voter pour le Front national.
Comme le souligne Alain Sanders dans son dernier coup de gueule paru dans Présent, personne dans la classe politique ou médiatique n’a relevé la provocation de Christiane Taubira lorsqu’elle a dit, avec son large sourire de tigresse : « Il faut comprendre le jeune qui part en Syrie. » Il faut le pardonner même s’il va décapiter de pauvres gens. Pour un garde des Sceaux, c’est revenir à sa prime jeunesse lorsqu’elle partait en guerre ouverte contre la France en demandant l’indépendance de la Guyane.
Alors, oui, Gérald Damarnin, vous avez eu raison de lancer cette petite phrase qui allait provoquer l’ire de ce ministre hors normes. Vous avez eu raison car vous avez permis à la France entière de voir quel personnage se cachait derrière ce petit bout de femme fait ministre de la République par un homme que les Français ont très vite rejeté après l’avoir élu par défaut. Vous avez pu prouver que le Premier ministre prenant la défense de son garde des Sceaux était imprégné des mêmes valeurs aussi peu républicaines, aussi peu démocratiques, aussi peu françaises qu’elle-même.
Oui, vous avez eu raison car si demain, ou après demain, les électeurs choisissent de déposer un bulletin à la flamme bleu-blanc-rouge dans les urnes, ce sera pour beaucoup par défaut d’une autre politique, à la suite de promesses fabuleuses jamais tenues, en réponse à une longue série de propos inadmissibles, de décisions à l’emporte-pièce et, d’une manière générale, à une méconnaissance terrible de l’art de gouverner un pays.
Si les rumeurs de sa possible nomination à la présidence du Conseil constitutionnel devaient se confirmer, permettez-moi d’imaginer le pire pour notre pays…
Lu dans Boulevard Voltaire