Par Pierre Malpouge
Décrit par ses biographes comme un « arpenteur de la mémoire » ou encore comme un « compositeur de films », le réalisateur Alain Resnais est décédé samedi à Paris à l’âge de 91 ans.
Récompensé à la mi-février au Festival de Berlin pour son dernier film, Aimer, boire et chanter, fantaisie entre théâtre, cinéma et bande dessinée qui sortira prochainement en salle, Alain Resnais, fils de pharmacien né le 3 juin 1922 à Vannes, s’était passionné très tôt pour la littérature et le cinéma, tournant son premier court métrage à 13 ans avant de s’inscrire à l’Idhec en 1943 pour devenir monteur.
Rapidement, il se met à la réalisation, avec des petits films en 16 mm comme Schéma d’une identification (1946) dont l’acteur n’est autre que Gérard Philipe.
Puis il passe dans la catégorie des « pros », notamment avec des films sur Van Gogh et sur l’art africain. En 1955, il signe son premier long métrage Nuit et brouillard, un documentaire-choc sur les camps d’extermination nazis.
Perçu à ses débuts comme un réalisateur « cérébral », avec des films comme Hiroshima mon amour ou encore L’Année dernière à Marienbad, Alain Resnais, cinéaste éclectique, toujours novateur, travaille à partir des années 1980 avec un petit groupe d’acteurs proches, des fidèles, comme André Dussolier, Pierre Arditi, Lambert Wilson et Sabine Azéma, sa muse, avec qui il a vécu les 30 dernières années de sa vie et qu’il a épousée en 1998.
Renouvelant sans cesse les genres, on lui doit notamment Stavisky (1974), Mon oncle d’Amérique (1980), Mélo (1986), Smoking/No Smoking (1993), Ours d’argent à Berlin, On connaît la chanson (1997), Les herbes folles (2009), Vous n’avez encore rien vu (2012).
Dimanche, François Hollande, saluant l’œuvre d’un homme « qui avait sans cesse brisé les codes, les règles, les modes, tout en rencontrant un large public », a estimé que la France venait de perdre « l’un de ses plus grands cinéastes ».
Géant du cinéma français, infatigable, il était en train de préparer un autre film dont il avait écrit le scénario, Arrivée et départ. Son brusque départ vers les étoiles du cinéma a mis fin au projet de cet « homme qui était à la fois un enfant, capable de s’émerveiller, et quelqu’un d’une extraordinaire maturité et d’une grande culture », a déclaré l’un de ses acteurs fétiches, Pierre Arditi.