https://youtu.be/RbjALZOsWy8
Compagnon de la cheffe de la sécurité du Premier ministre, Chokri Wakrim est impliqué dans un sulfureux contrat russe au côté de l’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron.
C’est un personnage central de l’affaire Benalla, dont le nom n’est encore jamais apparu jusqu’ici. Chokri Wakrim, 34 ans, a pourtant tissé de nombreux liens avec l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron. Libération enquête depuis plusieurs semaines sur ce militaire au parcours opaque. Selon nos informations, il est impliqué dans un contrat de sécurité avec l’oligarque russe, Iskander Makhmudov. L’homme est aussi le compagnon de Marie-Elodie Poitout, cheffe du groupe de sécurité du Premier ministre (GSPM), Edouard Philippe.
«Ami commun»
Le couple a vu Alexandre Benalla fin juillet, comme en atteste un courrier adressé par le directeur de cabinet d’Edouard Philippe au parquet de Paris le 1er février. La rencontre s’est déroulée au domicile de Marie-Elodie Poitout. C’est ce courrier, consulté par Libération, qui a servi de base à l’ouverture d’une enquête préliminaire pour «atteinte à la vie privée» et «détention illicite d’appareils ou de dispositifs permettant la réalisation d’interception de télécommunications ou de conversations». Dans ce cadre, le parquet a cherché à perquisitionner lundi les locaux de Mediapart, qui s’y est opposé.
Quelques jours plus tôt, le site avait révélé un enregistrement accablant d’Alexandre Benalla et de Vincent Crase daté du 26 juillet, alors que leur contrôle judiciaire leur interdisait pourtant formellement de se voir. On y entend les deux hommes réfléchir au meilleur moyen de détruire d’éventuelles preuves compromettantes. Ils s’inquiètent en particulier des liens qui pourraient apparaître avec un contrat de sécurité signé en juin avec un sulfureux oligarque russe, Iskander Makhmudov, proche de Vladimir Poutine, alors que Benalla travaillait encore à l’Elysée. Dans quel cadre Benalla et Crase ont-ils été enregistrés, s’interrogent les services du Premier ministre ? Le courrier envoyé par Matignon au parquet de Paris ne répond pas à cette question. Entendue par sa hiérarchie, Marie-Elodie Poitout, promue commissaire divisionnaire en janvier 2018, a simplement indiqué avoir reçu Benalla à son domicile en compagnie de Chokri Wakrim, présenté sobrement comme «un ami commun».
«Entretien corporel»
Un attelage d’autant plus suspect que Wakrim a été sollicité quelques mois plus tôt par Alexandre Benalla pour travailler sur le fameux contrat russe. Il était notamment en charge, à Monaco, de la sécurité de la famille de Iskander Makhmudov. A l’époque, une partie de ce contrat avait été confiée à la société de sécurité privée Velours, qu’Alexandre Benalla connaît bien pour y avoir travaillé entre 2014 et 2015. Or il existe un autre lien entre cette entreprise et Chokri Wakrim. Selon nos informations, ce dernier a en effet créé une autre société avec un des fondateurs de Velours, dont les statuts datent du 9 juillet 2018, à peine dix jours avant les premières révélations du Monde à l’origine de l’affaire Benalla. Pourquoi avoir créé cette structure à l’objet social incongru («entretien corporel»), sans lien apparent avec le milieu de la sécurité ? Toujours est-il que le patron de Velours a revendu toutes ses parts à Chokri Wakrim quelques semaines plus tard. (…)
La cheffe de la sécurité du Premier ministre a démissionné jeudi après-midi, selon des informations de Matignon auprès de BFMTV. Le Premier ministre a reçu ce jeudi, Marie-Elodie Poitout, la cheffe du Groupe de sécurité du Premier ministre (GSPM) à la suite des articles de Mediapart la concernant ainsi que son conjoint.
Dans la foulée, le ministère des Armées a fait savoir que son compagnon, militaire de profession, avait été suspendu “en attendant que la lumière soit faite sur ces allégations”. Chokri Wakrim serait impliqué, selon le journal Libération, dans un contrat négocié par Alexandre Benalla avec un sulfureux oligarque russe.
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