Nous vivons décidément une époque inquiétante, où tout ce qui fit la grandeur de la civilisation occidentale est menacé.
J’évoquais la semaine dernière les menaces sur les libertés publiques. Mais le politiquement correct ne se limite pas à vouloir empêcher la libre expression des dissidents sur internet.
Il vise à détruire toutes les garanties juridiques et morales de notre vie en société.
Ainsi la judiciarisation des relations humaines atteint-elle des sommets, sous l’influence notamment des Anglo-Saxons qui ont, en cette matière, 20 ans « d’avance » sur nous.
C’est spécialement vrai des relations entre hommes et femmes, qui doivent être scrutées à la loupe par les médias et la justice.
La moindre accusation vaut condamnation, sans respect du secret de l’instruction, ni de la présomption d’innocence.
Nos post-modernes n’ont pas de mots assez durs contre « l’obscurantisme médiéval », mais ils restaurent un système judiciaire archaïque, revenant avant l’instauration (médiévale) de la procédure inquisitoriale (c’est-à-dire l’enquête pour découvrir la vérité) et de la procédure à charge et à décharge.
Comme dans les procès d’ordalie des époques barbares, il ne s’agit plus de savoir ce qui s’est réellement passé, mais de restaurer l’unité sociale en s’acharnant collectivement sur un bouc émissaire.
Exemple récent : le sieur Tariq Ramadan est mis en examen. J’en parle d’autant plus volontiers que je suis un opposant résolu à son islamisation souriante de l’Europe, vieille stratégie des Frères musulmans fondés par son grand-père – au moins aussi dangereuse que celle de l’État islamique.
Ramadan est donc accusé de viol. Sa victime présumée a donné des détails intimes.
Aussitôt, la presse se rue en meute sur l’affaire : ces détails sont la preuve que la dame a dit vrai. Inutile donc de juger Ramadan, sa culpabilité est avérée.
Personne n’a l’air de noter que ces détails intimes pourraient bien avoir été connus lors d’ébats consentis.
Il est vrai qu’avec l’Amazone et Grande Inquisitrice que nous avons au gouvernement en la personne de Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée de l’égalité femmes-hommes (dans cet ordre, si vous ne voulez pas finir en cabane !), on ne « moufte » plus trop dans la caste jacassante.
La belle a, en effet, sévèrement recadré en novembre dernier son confrère Bruno Le Maire qui avait l’incroyable culot d’appeler par son prénom Delphine Gény-Stéphann, remplaçant Benjamin Griveaux à Bercy.
Cet usage du prénom serait la marque du « sexisme ordinaire ». Rien de moins !
Mieux encore, la sémillante Marlène, pardon la commissaire politique Schiappa (je ne voudrais pas être, à mon tour, accusé de sexisme, pour avoir le mauvais goût de la trouver plus jolie que M. Le Maire !), a taclé l’avocat de Jonathann Daval. Ce dernier avait eu l’audace de chercher des circonstances atténuantes à son client. Cela ne se pouvait tolérer.
Il paraît qu’aux États-Unis, en ces matières, plainte vaut condamnation. C’est rassurant sur notre futur, puisque nous sommes condamnés à faire les mêmes bêtises que nos voisins avec 20 ans de retard. Là-bas, on peut être mis en prison pour « avoir eu l’intention » (facile à supposer !) d’agresser une femme et y être maintenu en détention même lorsque, après des années de prison, l’ADN vient innocenter l’agresseur « présumé », au motif que cela n’ôte pas le préjudice moral subi par la « victime ».
J’admire ceux qui, dans ce contexte, peuvent clamer leur confiance dans la justice de leur pays !