Un guide par les femmes et pour les femmes. Un document de propagande repéré et traduit en anglais par la fondation Quilliam, un think tank britannique qui lutte contre l’extrémisme, circule depuis fin janvier sur internet. Intitulé «Les femmes au sein de l’Etat islamique : manifeste et étude de cas»», ce texte écrit en arabe a été diffusé par la milice 100% féminine de l’EI, la brigade Al-Khansaa. S’il n’est pas un communiqué officiel de Daech, il clarifie le statut et le rôle de la femme au sein de ce que le groupe terroriste présente comme son califat. Ce document, qui n’est pas destiné à un lectorat occidental, montre ainsi que si les femmes peuvent être appelées au combat dans des circonstances extrêmes, elles doivent avant tout rester à la maison pour être de bonnes épouses et de bonnes mères. En ce sens, estime la fondation Quilliam, «l’EI n’est pas différent de tout autre groupe djihadiste. Il est fondamentalement misogyne et dans son interprétation de l’islam, le rôle des femmes est ‘divinement’ limitée». Voici cinq règles édictées dans ce manifeste:
– 1/ Légitime de marier une fille à neuf ans
Selon ce manifeste, il est «légitime» pour une fille de se marier à neuf ans, même si «les filles les plus pures» seront mariées à 16 ou 17 ans, «alors qu’elles sont encore jeunes et actives». Les hommes eux, doivent plutôt se marier quand ils ont une vingtaine d’années.
– 2/ Étudier de sept à quinze ans: le CV type
Les filles sont éduquées entre sept et quinze ans, «ou un peu avant», conseille la brigade Al-Khansaa. De sept à neuf ans, elles doivent apprendre la religion, l’arabe coranique et la science (principalement le calcul mental). De dix à douze ans, les études se concentrent sur la religion, sur la loi sur le mariage et le divorce; mais on peut aussi leur enseigner d’autres compétences qui leur seront utiles, comme la couture ou la cuisine. De treize à quinze ans, leur éducation doit se concentrer sur la charia, l’histoire de la religion et sur l’apprentissage d’activités liées à la maternité.
– 3/ Épouse et mère avant tout
«La thèse centrale de cette déclaration est que la femme a été créée pour peupler la terre tout comme l’homme, peut-on lire. Mais, comme Dieu le voulait, elle a été faite à partir d’Adam et pour Adam. (…) Il n’y a pas de plus grande responsabilité pour elle que celle d’être la femme de son époux.» Selon le document également, «la grandeur de sa position, le but de son existence est un devoir divin de la maternité».
– 4/ Une femme doit rester à la maison
«Le modèle adopté par les infidèles en Occident a échoué à la minute où les femmes ont été ‘libérées’ de leur cellule dans la maison», indique le manifeste qui s’insurge contre l’idée perverse d’émancipation des femmes. La femme doit donc «rester à la maison» avec son mari et ses enfants. La sédentarité, le travail sont autant de choses qui peuvent la détourner de son rôle fondamental. La femme est toutefois autorisée à sortir de la maison uniquement pour étudier la religion, si elle est médecin ou enseignante pour filles, ou si une «fatwa déclare qu’elle doit se battre», s’engager dans le djihad quand les hommes ne sont pas assez nombreux, «comme l’ont fait les femmes d’Irak et de Tchétchénie». «Il est toujours préférable pour une femme de rester cachée et voilée, de maintenir la société derrière ce voile», rappelle le texte.
– 5/ Se prémunir contre l’«échec» du modèle occidental
«Les femmes ne gagnent rien de l’idée de leur égalité avec les hommes, hormis des épines», prévient le texte. Elles n’ont par ailleurs «pas besoin de passer de longues parts de leur courte vie à apprendre les sciences qui n’offrent aucune récompense spirituelle». Le manifeste rappelle toutefois qu’on ne peut pas mettre toutes les sciences de côté, car on ne peut pas vivre sans certaines d’entre elles comme l’agriculture, la médecine, etc…
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