Lu ailleurs / Vous avez dit « culture » ?

Présent

Par Martin Schwa

Le 21 janvier, notre ministre Aurélie Filipetti a présenté ses vœux en matière de culture. Un projet de loi « Création » est annoncé. « Pour la première fois, la liberté de création sera inscrite dans un texte législatif. » De sa part, après l’affaire Dieudonné où elle a soutenu les annulations de représentations, envisageant même de fermer le théâtre de la Main d’or, c’est osé… Il est vrai qu’à ses yeux Dieudonné « n’appartient plus au monde du spectacle » (entretien au Parisien, le 6 janvier).

Un forum aura lieu en avril, qui portera « une ambition culturelle forte pour l’Europe ». S’y trouveront réunis tous les ministres de la Culture de l’Union européenne, de nombreux professionnels, artistes et intellectuels « de tous horizons ». De tous horizons géographiques, s’entend. Pour ce qui est des horizons politiques, le panorama du monde de la culture est restreint. Dieudonné (je prends un exemple au hasard) ne sera pas invité à ce forum. On ne sait plus très bien de quel côté il est, mais Filipetti l’affirme : il « n’est plus du côté des artistes ou des créateurs » (entretien cité).

La sollicitude du gouvernement socialiste à l’égard des enfants les plus petits est connue. Scolarisation dès la naissance, apprentissage du gender au biberon… Aurélie Filipetti compte jouer les nounous en dédiant France 4 au « jeune public ». Dès mars, la chaîne reflétera « une politique culturelle ambitieuse en faveur de la jeunesse ». J’imagine qu’elle empruntera des soap opera ethniques à France Ô, des documentaires historiques sur la période que vous savez à Arte, et des dessins animés où Supertauby combattra Zomofob. Pourquoi le contenu des programmes serait-il innocent puisque les enfants, dans cette idéologie culturelle, ne sont que présumés innocents ?

Quand on pense « culture », on pense sensibilité et intelligence, analyse et création, goût et transcendance… Souvenez-vous, Benoît XVI aux Bernardins. Ce n’est pas la conception qu’en a « le monde de la culture » auquel le pape ce jour-là s’adressait. Le ministre lui-même voit dans la culture – ce sont ses mots dans Libération du 22 janvier – « un élément de croissance », un apport à « la richesse nationale » (au sens PIB) et une contribution « à notre démocratie ». Des urnes de vote pleines de billets ? C’est quasiment de l’art contemporain.

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