« Dans l’affaire Minute, Taubira est à la manœuvre »!

Par Caroline Parmentier

Frédéric Pichon, 43 ans, est connu comme l’avocat des gardés à vue des Manifs pour Tous. Il a récemment rejoint le Siel (Souveraineté, Identité et Libertés), présidé par Karim Ouchikh, dont il est devenu vice-président. Il est également l’avocat de Minute qu’il défend dans l’affaire Taubira.

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Unknown-19— Le Parquet a fait appel dans l’affaire Minute ?

— Je défends Jean-Marie Molitor en qualité de directeur de la publication de Minute et c’est Me Jérôme Triomphe qui défend Miège en qualité de dessinateur. Il y a deux procès : celui pour le dessin de Miège et celui pour la une de Minute contre Taubira. Dans le dossier de Miège, il y a eu une relaxe et un appel. Dans le dossier de Minute, où il y a eu une condamnation et une amende assez substantielle de 10 000 euros, je suis assez étonné de l’appel du Parquet. Dans la mesure où la peine était quand même relativement sévère par rapport à la pratique habituelle. C’est vrai que du sursis avait été requis contre le directeur de publication et le sursis n’a pas été prononcé. Est-ce pour cette raison que le Parquet fait appel estimant dans son ire vengeresse qu’il faut en plus pour le directeur de publication de ce journal rajouter une peine de prison avec sursis ?

images-7— Pensez-vous qu’il y ait eu des pressions ?

— Je n’exclus pas les pressions de madame Taubira qui a peut-être estimé que ce n’était pas assez sévère et qu’il fallait continuer à faire bouillir la marmite pour entretenir la carte de la victimisation. Nous avions soulevé d’ailleurs avec Jérôme Triomphe le sursis à statuer estimant qu’il posait un réel problème d’apparence de partialité. Le fait que le garde des Sceaux en exercice soit partie à ce procès de manière indirecte parce qu’elle n’est pas officiellement partie civile, c’est encore plus pervers, subtil et hypocrite. On sait très bien qu’elle est à la manœuvre et que le Ministère public – je le dis et j’en assume totalement les conséquences – se comporte comme un petit soldat servile aux ordres d’un pouvoir politique aux abois.

— Est-ce que vous trouvez justement que la liberté d’expression est plus réduite depuis que le parti socialiste est au pouvoir ? Je pense à la justice d’exception rendue dans l’affaire Anne-Sophie Leclère par exemple.

— Concernant Anne-Sophie Leclère, les magistrats spécialisés à Paris savent très bien que cette décision ridiculise la justice. Elle est contraire au droit, elle est disproportionnée. Ajoutez le fait que l’on condamne une personne morale, le Front national, alors que le b.a.-ba du droit de la presse c’est qu’il n’y a pas de condamnation en qualité de complice d’une personne morale. Quand on lit les attendus, la motivation du jugement, c’est absolument délirant et anti-juridique. L’affaire de Guyane a été rendue dans un contexte bien particulier de pressions d’une association anticolonialiste dans laquelle Christiane Taubira est partie. L’association Walwari est une association domiciliée chez madame Taubira ce qui pose un réel problème d’indépendance de la justice. Ce principe a été violé sous toutes les coutures. Mais je voudrais dire quand même aux gens de droite qui ont découvert l’année dernière lors des Manifs pour Tous, les affres de la politique judiciaire idéologique, que cela avait largement commencé sous la droite. J’ai eu l’occasion de défendre plusieurs journaux ou hommes politiques comme Christian Vanneste et les instructions du Parquet étaient identiques sous Nicolas Sarkozy. Les « ligues de vertu » avaient autant de pouvoir et il y avait des accords entre le ministère de la Justice ou le ministère de l’Intérieur avec SOS Racisme, le Mrap et la Licra. De ce point de vue-là, on n’est pas passé de la lumière aux ténèbres. Il y a constance. Sous les gouvernements de droite on a eu affaire au même acharnement judiciaire du Parquet. Et souvent sur instructions. Je me souviens de l’affaire Gollnisch, de l’affaire Vanneste. Toutes ces affaires ont été diligentées à la demande du Ministère public en haut lieu par le garde des Sceaux. Ça avait donc commencé bien avant.

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