Le consul de Poldévie

Pour notre petit Arnaud

 

Dans les aventures de Tintin reporter en Extrême-Orient : Le Lotus bleu, le personnage du consul de Poldévie, pris pour Tintin dans la fumerie d’opium et se faisant brutaliser par les hommes de Mitsuhirato, fait allusion à un célèbre canular de l’époque, la Poldèvie.

La Poldèvie est un pays imaginaire. À Paris en mars 1929, tous les députés de gauche, qui avaient tous votés “contre” dans un récent débat sur les congrégations missionnaires, reçurent un appel leur demandant d’intervenir en faveur des malheureux Poldèves opprimés. La capitale du pays s’appelait Cherchella ; la lettre était signée : Lineczi Stantoff et Lamidaëff. Derrière ces patronymes pseudo-slaves on pouvait lire à voix haute : « l’inexistant » et « l’ami d’A.F. (L’Action française) », l’instigateur de cette mystification étant Alain Mellet, journaliste et membre de l’Action française de Charles Maurras. Ce canular avait pour but de ridiculiser la représentation républicaine. Si les députés de gauche et anticléricaux furent visés, Alain Mellet lui-même le reconnaît : « la pêche eût été aussi poissonneuse dans les rangs de la droite républicaine. » Les lettres paraîtront en volume durant les années 1930 sous le titre : Intelligence et parlement. Le Drame Poldève.

 

(Illustration ONG / les images de Tintin sont propriété exclusive de la société Moulinsart)

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