Par Alain Sanders
Leurs « bébés » (des forteresses volantes B-17) s’appelaient Lucky Lady, Mother And Country, Baby Ruth. Et, bien sûr, Memphis Belle.
C’est l’histoire de la vingt-cinquième – et dernière – mission, le 17 mai 1943, de l’équipage du Memphis Belle que raconte le film de Michael Caton-Jones qui, d’un seul coup d’un seul, renouait avec les bons vieux films US (Oldies but Goodies) de la Seconde Guerre mondiale.
Tout l’intérêt du film, outre son côté documentaire qui montre que ce n’était pas de la tarte que de partir sur ces pièges brinquebalants, réside dans la peinture très soignée des dix hommes de l’équipage. Des types humains : le beau gosse, le mystique, le frimeur, l’Irlandais, le sentimental, le jeune officier responsable, la mauvaise tête mais bon cœur, le loustic de service, etc.
Suspense
Une dernière mission de routine pour les p’tits gars du Memphis Belle ? T’as qu’à croire… Car il s’agit de rien de moins que d’aller bombarder des installations militaires à Brême, installations protégées par une DCA redoutable et un essaim de chasseurs allemands excités comme des essaims de taons.
Le problème avec ce genre de film – car on sait dès le début que cette dernière mission pourrait bien être l’ultime – c’est de maintenir un suspense. On connaît la fin, mais… Soutenu par une belle pléiade d’acteurs (Matthew Modine, Harry Connick Jr., Billy Zane, Tate Donova, Leed Edward Diamond), Caton-Jones ne déçoit pas nos attentes.
On pourra chipoter sur la scène où le pilote décide de refaire un passage au-dessus de Brême – au risque d’envoyer son avion au tapis – au motif qu’on ne peut identifier la cible et qu’on risque de toucher des civils. Si les bombardiers, alliés ou allemands, avaient eu de telles pudeurs, ce serait su… Et vu au bilan des morts.
Dernier point. Si vous regardez la version en français du film, vous entendrez l’Irlando-Américain du groupe, Danny, expliquer à ses camarades qu’il leur a récité du « Yette » (sic). Il s’agit bien évidemment d’un des plus grands écrivains et poètes irlandais, William Butler Yeats (prix Nobel 1923). Son nom se prononce « Yits ».
Pour le reste, tu seras un homme, Memphis !