Vladimir Cosma: une vie en musique (Vidéo)

Compositeur prolifique, mélodiste inspiré et subtil, orchestrateur original, Vladimir Cosma est l’auteur des plus grands succès du cinéma français – plus de 300 ! – comme Le Grand Blond avec une chaussure noire, La Boum, Rabbi Jacob, Diva, Le Bal, l’As des As, La Chèvre, Le Père Noël est une ordure, La Gloire de mon père, Le Château de ma mère, Le Dîner de cons… Des «partitions en images», selon sa propre expression, auxquelles il donne une nouvelle vie, une nouvelle respiration grâce au concert.

« Le fait de jouer sur scène, souligne-t-il, me permet de reconstruire mes propres compositions. C’est une approche stimulante et nécessaire de mon travail. Depuis longtemps, après chaque film, je réécris mes musiques sous forme d’œuvres instrumentales, de suites symphoniques, de concertos… La musique de film c’est l’art de la concision. Le thème, la couleur doivent s’imposer tout de suite en quelques secondes. J’avais envie de développer, de construire dans une forme plus ample, tout ce matériel qui est né grâce au cinéma.

Beaucoup de compositeurs illustres l’ont fait avant moi : Bizet a écrit deux suites d’orchestre en partant de sa musique de scène pour L’Arlésienne, Sibelius a fait de même avec sa Valse triste, sans oublier Prokofiev et Chostakovitch qui ont retravaillé systématiquement leurs musiques de film dans leurs œuvres de concert.

Né à Bucarest, enfant du sérail (son père, Teodor, était pianiste et chef d’orchestre réputé en Roumanie, sa mère, également musicienne et championne de natation) il deviendra violoniste-concertiste couronné par deux premiers prix (violon et composition) au Conservatoire de Bucarest. Vladimir Cosma est arrivé en France à l’âge de 22 ans. Son rêve ? Vivre à Paris. C’est là que ce musicien prolifique poursuit ses études avec Nadia Boulanger ainsi qu’au Conservatoire National Supérieur de Musique à Paris. Le hasard d’une rencontre avec Michel Legrand, dont il devient l’assistant, va lui permettre de composer sa première musique de film, en 1968 : Alexandre le bienheureux, d’Yves Robert. Près de cinquante ans après, son nom est associé aux plus grands réalisateurs, Gérard Oury, Claude Pinoteau, Jean-Jacques Beineix, Francis Veber, Claude Zidi, Jean-Pierre Mocky, Pascal Thomas, Ettore Scola, Yves Boisset, Edouard Molinaro…

« Grâce au cinéma, mes thèmes sont gravés dans les mémoires et le public peut d’autant plus les apprécier lors de leur exécution en dehors des films. Le 7ème art a remplacé les anciennes formes de spectacle comme les musiques de scène, les ballets et l’opéra. Sans Diaghilev et les Ballets russes, Le Sacre du Printemps ou Daphnis et Chloé n’auraient pas existé. Idem pour La Strada de Nino Rota ou La Panthère rose d’Henry Mancini, qui n’auraient pas existé sans Fellini et Blake Edwards. »

Pour sa part, le cinéma lui a permis d’explorer les voies du jazz (avec Chet Baker, Toots Thielemans, Don Byas, Stéphane Grappelli, Jean-Luc Ponty, Philip Catherine), de la chanson (Richard Sanderson avec « Reality », le tube de La Boum, Guy Marchand avec « Destinée », Diane Dufresne, Nana Mouskouri avec « L’Amour en héritage », Nicole Croisille), du folklore (avec Gheorghe Zamfir, Stanciu Simion « Syrinx ») ou encore du classique (Ivry Gitlis, Vadim Repin, Patrice Fontanarosa, Wilhelmenia Fernandez…). Le secret de ce succès ? Du travail, du talent et beaucoup d’inspiration. « Je compose chez moi, au piano, avec une partition, une gomme et un crayon, dit-il en souriant. Pour le reste, il faut toujours trouver le petit quelque chose, l’idée, le timbre, la couleur qui personnaliseront le film. Par exemple, la flûte de Pan dans « Le Grand Blond avec une chaussure noire » ou encore le bruit des vagues et le cri des mouettes dans « Un éléphant ça trompe énormément ». C’est comme le parfum d’une belle femme, l’alchimie de deux éléments. Parfois, leur fusion devient magique, évidente.

Parallèlement au cinéma, Vladimir Cosma a écrit également pour la scène. En 2006, il a composé et dirigé une création originale, « Eh bien ! Dansez maintenant », d’après les Fables de La Fontaine, qu’il a présentée à Genève, avec Lambert Wilson dans le rôle du récitant et l’Orchestre de la Suisse Romande. C’est à la tête de l’Orchestre National de France qu’il reprend cette oeuvre en 2012, en création parisienne au Théâtre des Champs-Elysées.

Entre temps, il a écrit son premier opéra, « Marius et Fanny », d’après Pagnol, créé à l’Opéra de Marseille, avec Roberto Alagna, Angela Gheorghiu et Jean-Philippe Lafont. Puis, il a transposé « Les Aventures de Rabbi Jacob » en comédie musicale, créée en 2008 au Palais des Congrès, à Paris. Enfin, en juin 2009, il a dirigé à Béziers, la cantate « 1209 », pour soprano, récitant, choeurs et orchestre, écrite à l’occasion du huitième centenaire du Sac de Béziers.

Depuis quelques années, les concerts symphonique tiennent une part importante dans le travail de Vladimir Cosma dirige de grands orchestres aussi bien en France qu’à l’étranger. De Genève à Bucarest et Saint Pétersbourg, en passant par Paris (Victoria Hall, Châtelet, Grand Rex, Théâtre des Champs-Elysées,…), il s’est largement consacré à la réécriture de ses partitions et à la direction d’orchestre. En 2011, pour son retour en Roumanie après cinquante ans d’absence, il a donné deux concerts avec l’orchestre et les choeurs de la Filarmonica « George Enescu » de Bucarest dans la salle mythique de l’Athénée Roumain.

Outre deux Césars de la meilleure musique de film (Diva en 1982 et Le Bal en 1984), deux 7 d’Or et plusieurs prix prestigieux (SACEM, Prix Henri Langlois de la Cinémathèque française), Vladimir Cosma a obtenu de nombreux disques d’or et de platine à travers le monde. Récemment, il a publié deux gros coffrets qui commencent à regrouper l’intégrale de son oeuvre.

Son credo est simple : « La bonne musique de film, c’est la bonne musique tout court. Elle se doit d’être populaire et savante. ». Ce qu’il a toujours fait tout au long d’une carrière riche et exigeante.

 

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