Le mystère Natalie Wood…

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Splendour, le nom du bateau où la légende du cinéma hollywoodien a passé ses derniers instants, figure aujourd’hui en haut de l’affiche du Théâtre de Paris dans une pièce signée Géraldine Maillet (1). Elsa Zylberstein campe l’héroïne légendaire de West Side Story et fait revivre en flash-back sa descente aux enfers.

« J’ai toujours été terrifiée par l’eau. L’eau noire, celle de la mer, celle de la rivière », confiait Natalie Wood dans une interview télévisée en 1980. Un an plus tard, le 29 novembre 1981, l’actrice américaine de 43 ans chute de son yacht et se noie au large de l’île de Santa Catalina dans la baie de Los Angeles, alors que son mari, l’acteur Robert Wagner, et son amant supposé, Christopher Walken, se trouvent sur le bateau. La présence des deux hommes, les circonstances jamais éclaircies de sa mort alimentent depuis les spéculations. Et nourrissent le mythe en ajoutant à l’ironie d’une success story américaine, celle d’une femme qui a vu son pire cauchemar devenir réalité. Cette phobie de l’eau hante Natalie Wood depuis ses 11 ans. Lorsque, sur le tournage de The Green Promise (1948), un pont qui devait se détruire après son passage se dérobe sous ses pieds, elle tombe à l’eau et se brise le poignet. Sa mère, Maria Zacharenko, effrayée à l’idée qu’un rôle échappe à Natalie, décide de ne pas l’emmener chez le médecin. Émigrée de la Russie révolutionnaire, la maman désargentée souhaite en effet que sa fille s’intègre au gratin de la Colline.

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Une jeunesse à deux vitesses

Elle parvient à la faire apparaître sur grand écran pour la première fois en 1943. Natalie a 5 ans. La brève expérience suffit à convaincre la famille de quitter San Francisco pour Los Angeles. Entraînée par sa mère, Natalie enchaîne alors les castings. Lorsqu’un rôle prometteur se présente, en l’occurrence au côté d’Orson Welles, Maria démontre sa détermination : pour faire pleurer sa fille au casting, elle arrache sous ses yeux les ailes d’un papillon. Et pour qu’elle corresponde aux critères physiques demandés, elle la teint en blonde. La jeune fille décroche le rôle convoité dans Demain viendra toujours (Irvin Pichel, 1946). Le film est un hit et Natalie, une enfant star. Elle entame son adolescence face à la caméra sous le nom de « Wood ». Un patronyme plus américanisant pour les studios que celui choisi par ses parents « Gurdon » (censé déjà faire oublier leurs origines russes). L’actrice confiera plus tard s’être construit un personnage. Elle « jouait » en public à être Natalie Wood, tout en étant « réellement » Natasha Gurdon. C’est d’ailleurs le prénom qu’elle donnera à sa première fille, comme pour revivre à travers elle l’enfance qu’elle n’a jamais eue. Car de l’origine de sa phobie à son premier baiser (donné à James Dean à 15 ans), la jeunesse de Natalie se construit sur les plateaux de tournage et se transforme au gré des films jusqu’à prendre la forme d’une parfaite starlette Hollywoodienne à l’adolescence, lorsqu’elle tient le premier rôle dans la Fureur de vivre de Nicholas Ray ou qu’elle joue dans La Prisonnière du désert de John Ford. À 24 ans, elle devient la Maria légendaire de West Side Story, réalisé par Robert Wise sur la bande originale de Leonard Bernstein.

nathalie-wood-un-destin-en-eaux-troubles_2La quête insatiable d’amour et de reconnaissance

À cette époque, c’est au bras de Robert Wagner, son mari, lui aussi acteur, qu’elle fait les couvertures de magazines. Ils se sont rencontrés cinq ans plus tôt et deviennent vite l’un des couples les plus en vogue d’Hollywood. Mais passés les succès de la comédie musicale et de La Fièvre dans le sang (Splendor in the Grass) d’Elia Kazan (1961), qui vaut à Natalie une deuxième nomination aux Oscars, sa carrière et son couple battent de l’aile. La jeune femme réalise qu’elle « ne se connaît pas réellement ». « J’ai passé mon enfance à être l’enfant de tel ou tel acteur », confie-t-elle. Malgré quelques succès, la jeune femme, au sommet de sa carrière, trébuche et entame une période de dépression. Après son divorce, elle apparaît au bras de plusieurs conquêtes – chanteur, acteur, millionnaire… – et se construit une réputation sulfureuse. Une période qui se solde, à 28 ans, par un séjour prolongé à l’hôpital. À sa sortie, décidée à mettre sa carrière (déjà ralentie) entre parenthèses pour fonder une famille, elle épouse le producteur Richard Gregson avec qui elle aura sa première fille Natasha. Très vite, trompée, elle divorce et s’installe à nouveau avec Robert Wagner, son premier amour. Poursuivant sa volonté de fonder un foyer, elle épouse à nouveau Robert Wagner en 1972 et donne naissance à un deuxième enfant, Courtney. Mais comme s’il était trop tard pour se racheter, Natalie reste considérée comme une fille aux mœurs légères. Et son couple ne fait plus vraiment rêver.

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« Splendor » et décadence

Alors qu’elle reprend petit à petit sa carrière, faisant une pause sur le tournage de Brainstorm de Douglas Trumbull, l’actrice embarque sur le Splendour, le bateau du couple baptisé du nom d’un film à succès de Natalie. Elle passe la soirée (arrosée) du 29 novembre 1981 avec son mari et son partenaire du moment à l’écran (et amant supposé), l’acteur Christopher Walken. Une soirée fatidique pour l’actrice dont le corps couvert d’ecchymoses est retrouvé flottant au petit matin. Considéré à l’époque comme un accident, le scénario de sa disparition est récemment remanié, suite à de nouveaux témoignages. Celui du capitaine de bateau qui accuse Robert Wagner d’avoir accidentellement poussé Natalie suite à une dispute, mais de n’avoir pas cherché à lui porter secours. Celui d’un témoin d’un navire voisin, qui dit avoir perçu un appel au secours venant de la mer, alors que les deux hommes sur le bateau affirment n’avoir rien entendu. La « noyade accidentelle » est reclassée en « noyade et autres facteurs indéterminés ». Comme si la légende ne pouvait s’éteindre, aujourd’hui elle revient à la une depuis que Ron Nelson, le nouveau propriétaire du Splendour, a décidé de le vendre. La raison ? Il serait hanté par l’esprit de Natalie…

(1) Splendour de Géraldine Maillet, avec Elsa Zylberstein, dans une mise en scène de Catherine Schaub. Au Théâtre de Paris jusqu’au 31 décembre 2014.

 

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