Ils existe deux races de coq de roche : le coq de roche péruvien (rupicola peruviana) et le coq de roche orange ou guyanais ( rupicola rupicola). Tous deux sont confinés aux zones montagneuses du nord du continent sud-américain. A la différence du premier cité qui vit sur les contreforts des Andes, le coq de roche guyanais fréquente le vieux massif fortement érodé qui s’étend à l’est des Andes et au nord de l’Amazone, à des altitudes variant de 150 à 1500 mètres, dans les Guyanes, le sud-est de la colombie, au Vénézuéla et dans le nord du Brésil.
Bien qu’assez répandu, cet oiseau qui fréquente les peuplements primaires, est localisé exclusivement aux affleurements rocheux qui offrent aux femelles des sites favorables à la nidification : grands éboulis, falaises, cavernes. Bien que ces sites soient assez divers, il respectent toujours quatre dispositions générales : ils sont situés à proximité d’un cours d’eau, à l’ombre ou dans une zone de demi-lumière plutôt qu’en plein soleil, ils possèdent un degré d’humidité assez élevé et l’endroit est pourvu en fentes, fissures, crevasses et cavités dans la roche qui puissent servir d’emplacement au nid. Malgré ses couleurs resplendissantes, on n’aperçoit le mâle que lorsqu’on est placé à faible distance car il fréquente les sous-bois denses et riches en lianes.
En cas de danger, le coq de roche vole avec agilité dans les sous-bois, naviguant avec habileté à travers la végétation grâce à ses larges ailes mûes par des muscles puissants. Lorsque les mâles concourrent sur les sites de parade pour attirer les femelles, ils réalisent des performances vocales particulièrement sonores qui peuvent être entendues à des centaines de mètres. Ces bruyantes manifestations attirent malheureusement toutes sortes de prédateurs, des rapaces tels que le spizaète orné ou l’Aigle huppé de guyane, des mammifères carnivores tels que le jaguar ou le puma ou même des reptiles tels que le boa constrictor.
Comme tous les membres de la familles des cotingidés à laquelle il appartient, les coqs de roche se nourrissent principalement de fruits qu’ils cueillent en vol, sans même se poser. De très nombreuses variétés ( plus de 65 ont été répertoriées) composent son menu qui évolue sensiblement selon les lieux et les saisons. Au nombre des familles recensées, on peut citer les lauracées (lauriers), anonacées (pommes-cannelles, corossols), burseracées, arécacées (noix d’arec). Dans certaines régions, les fruits du palmier pinot jouent un rôle important. Pendant la période de reproduction, le régime semble profiter d’un apport important en proies animales (insectes, petits reptiles) qui délivrent leur dose de protéines aux jeunes nouvellement éclos.
A l’époque des accouplements qui a lieu de septembre à décembre, années après années, les mâles se regroupent toujours sur les mêmes sites de parade. Ces lieux, appelés leks, rassemblent typiquement 5 à 10 mâles, parfois plus, accompagnés de quelques subadultes et immatures occasionnels dans une zone n’excédant pas les 200 mètres carrés. Lieux inchangés, mais aussi rites immuables : les mâles se tiennent perchés à faible hauteur et regagnent le sol pour parader dès qu’une femelle arrive. Chaque mâle possède et défend une seule place de parade et le perchoir qui la domine immédiatement. Ces places ne sont guère éloignées les unes des autres, voire contiguës. La place et le perchoir sont baignés par des taches de lumière qui constituent un élément essentiel de la parade des coqs. C’est en effet la juxtaposition de zones d’ombres et de lumières qui permet à ces oiseaux de mettre en valeur leurs attributs colorés. Les démonstrations des mâles n’ont rien d’extraordinaire : ils adoptent des poses statiques et peu évoluées en apparence, les ailes écartées au dessus du dos. Cependant, la réverbération de la chaleur sur le sol dénudé provoque l’envol et le flottement des longs filaments des rémiges secondaires, ce qui paraît constituer le facteur décisif qui emporte l’adhésion de la femelle. pour marquer son consentement, la femelle séduite s’installe derrière le partenaire de son choix et pince avec son bec les longues franges. Presque immédiatement après, a lieu l’accouplement qui se déroule hors du lek.
A partir du mois de novembre, la femelle commence à installer son nid sans l’assistance du mâle. Il s’agit d’une construction en forme de balcon, fait de boue et de végétaux consolidés avec de la salive, fixé sur une paroi de roche ou à l’entrée d’une grotte. Toutefois, elle utilise souvent ceux des années passées qu’il suffit de restaurer, les détériorations étant généralement faibles compte-tenu de la position abritée des nids. A 48 heures d’intervalle, elle pond deux oeufs qu’elle couve pendant 27 ou 28 jours.