Par Caroline Parmentier
Notre Gégé national malgré ses 14 bouteilles d’alcool quotidiennes, en a encore sous le pied. Poutinien, célinien, rabelaisien, aussi vulgaire que poète, insupportable que touchant, l’inoubliable Cyrano dont il a gardé le nez (en plus trognu, en plus fleuri) balance de jolis coups d’épée dans son interview au Point à l’occasion de la sortie de son autobiographie : Ça s’est fait comme ça*.
Et d’abord un aveu inattendu dont les « pro-choice » tireront peut-être des arguments : « Je n’aurais pas dû naître. J’ai survécu aux aiguilles à tricoter de ma mère. (…) Je suis un survivant. »
Après l’avortement raté, le père ivrogne. Celui que l’on appelait le Dédé « parce qu’il ne savait écrire que deux lettres, le D de son nom et le D de Dieu ». Mais Depardieu n’est pas Alexandre Jardin ou la fille de Maurice Herzog, il ne règle aucun compte avec ses parents dont il déclare qu’ils l’ont énormément aimé. Des comptes il en a suffisamment à régler comme ça avec ceux qui ne l’aiment pas.
Contrairement à ce que les journalistes racontent sur cette interview, Depardieu ne dénigre pas la France, il la plaint. Il est encore sonné de la façon dont il a été traité par les « cons », les « jaloux », les « hargneux » :
« Je suis parti parce que j’avais l’impression qu’on allait me tondre. Comme après 45, comme un collaborateur », déclare l’acteur qui a opté pour un exil fiscal en Belgique tout d’abord, en 2012, avant d’obtenir la citoyenneté russe en 2013.
« Je suis un homme libre. Je ne veux pas, à 65 ans, payer 87 % d’impôts. Je trouve ça normal de payer, mais pas à des cons qui pensent qu’ils font le bien. »
Quant aux Français, ils « ont perdu leur bonheur, ils n’y croient plus. Ils ont même perdu leur ouïe, leur odorat, leur vitalité », déplore l’acteur qui se dit « pas mécontent que les Bretons aient foutu le feu, l’autre jour » : « Depuis qu’ils ont fait sauter les péages, il y a une vraie âme qui revient (…) les Bretons, eux, ne s’abandonnent pas. »
Le monstre sacré du cinéma français regrette que la France soit « devenue une petite chose dont on ne parle plus ». Et ça pour Depardieu, c’est bien la faute à Hollande qui a « dégoûté les gens ». « On est quand même allé jusqu’à vouloir m’ôter la nationalité française. » « Et sur ce, un colin froid (Jean-Marc Ayrault : NDLR) me traite de minable.» Ce jour-là Depardieu pique une des ses rages homériques et ni une ni deux, il appelle Hollande :
« Tu es content de toi ? »
Courageux comme on le connaît, Hollande tente de se débiner : « Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce qu’a dit mon Premier ministre. »
Depardieu lui rétorque alors qu’il a de la chance d’être là « parce que ç’aurait dû être Strauss-Kahn s’il s’était pas fait pincer la quéquette ».
« Vive la France, j’ai dit, je me barre. » Et maintenant, « Je suis à l’extérieur de tout ce merdier ».
Sincèrement, il y a des jours où on l’envie.
*Ca c’est fait comme ça, biographie de Gérard Depardieu parue aux éditions XO.