Lumières d’été, film expérimental franco-nippon (Bande-annonce)

Lumières d’été est un film expérimental franco-nippon. Son caractère expérimental vient surtout de son aspect composite : il juxtapose un entretien avec une survivante du bombardement atomique de Hiroshima, et une forme d’excursion, sans but précis apparent, de deux personnages à la rencontre a priori improbable, une autochtone, à l’accent local très prononcé en japonais – le réalisateur français y a tenu et s’est déclaré particulièrement fier du résultat – et un réalisateur nippon travaillant pour la télévision française, présent pour un jour à Hiroshima. Ils cheminent dans la ville et les environs. La juxtaposition des deux éléments tient par un lien narratif en apparence faible : ce réalisateur nippon, qui a recueilli auparavant l’entretien avec la survivante, se décide, oubliant toutes ses obligations professionnelles, à suivre cette étrange et belle femme qui porte un costume traditionnel nippon féminin de ville. Présent jusqu’aux années 1970 voire 1980, cet habit typique devient de plus en plus rare dans les rues au Japon, au point d’être immédiatement remarqué. Ce réalisateur se montre d’autant plus intrigué que cet attachement apparent aux traditions nippones ne s’accorde pas du tout avec sa façon familière d’aborder un parfait inconnu…
 

Lumières d’été, un film bien construit sur le Japon intemporel

 
Le témoignage proposé en ouverture de Lumière d’été, qui dure une vingtaine de minutes, vraisemblablement donné par une authentique survivante, âgée de 14 ans à l’époque des faits en août 1945, s’avère à la fois dur et poignant. La survivante, présente à Hiroshima le 6 août, a été sauvée par un éloignement relatif du point d’impact et la présence d’un mur sur le trajet du souffle de la bombe atomique. Le mur, qui s’est effondré sur elle, ne lui a pas moins préservé la vie. Mais elle a perdu sa mère, volatilisée sur le coup sans laisser absolument aucune trace, et sa sœur, morte plusieurs semaines plus tard, après une agonie atroce, du fait des radiations. Ce témoignage est complété par la promenade dans Hiroshima qui suit, avec la présentation des lieux-clefs du drame et le récit des souffrances des survivants qui ont habité durant une décennie sur les lieux, dans des cabanes assemblées à partir des décombres et formant des bidonvilles. Leur destin a été absolument tragique et s’est étendu sur des décennies.
 
Lumières d’été, au fil de pérégrinations dans la région de Hiroshima, propose une vision d’un Japon intemporel. Le film expérimental s’avère en fait correctement construit, même si nous nous garderons surtout ici de révéler comment.
 
Ce Japon traditionnel est fort idéalisé. Mais pourquoi pas ? Le message serait au fond optimiste; après les drames les plus atroces, à ne pas oublier, la vie finirait par reprendre ses droits.
 

Lu sur RITV 

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