A la lumière de l’enquête intitulée « Laundromat » et menée conjointement par Le Monde et dix autres publications européennes, dont l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), la Süddeutsche Zeitung et le Guardian, le terme de « diplomatie du caviar » apparaît comme un doux euphémisme.
L’un de ces journaux, le Berlingske danois, a eu accès aux relevés de comptes en banque de quatre sociétés domiciliées au Royaume-Uni et secrètement liées au régime azerbaïdjanais. L’étude des plus de 16 000 transactions, passées pour un montant total de 2,5 milliards d’euros, fait apparaître un système complexe et opaque servant à blanchir des fonds à la provenance douteuse (qui semblent en grande partie détournés du budget de l’Etat), à financer le train de vie des caciques du régime et à acheter moyennant espèces sonnantes et trébuchantes des amitiés à l’étranger.
Pour ce pays du Caucase immensément riche en pétrole, l’enjeu est double : d’abord, obtenir des soutiens dans le conflit territorial qui l’oppose à l’Arménie depuis vingt-cinq ans ; et, plus important, faire taire les critiques sur la répression politique orchestrée par le clan du président Ilham Aliev, au pouvoir depuis quatorze ans, et qui use sans modération d’arrestations arbitraires à l’encontre de ses opposants politiques, des journalistes trop critiques ou des militants de tout poil.