Dans la version postmoderne du système romain antique « pain et jeux », nous avons été abreuvés, cette semaine, de deux informations de prime importance : l’importation d’un jeune immigré brésilien sommé de jouer des pieds avec un ballon à Paris pour le compte d’entrepreneurs qataris, et la naissance annoncée de deux pandas jumeaux à l’horrible zoo de Beauval.
Je m’attarderai sur cette dernière information quelques instants, car elle recèle un détail surprenant qui m’a fait légèrement hausser le sourcil gauche (sans faire bouger l’autre – tradition chiraquienne oblige).
Au-delà de la déchéance civilisationnelle qui fait qu’au lieu d’attendre la naissance d’un prince, nous nous retrouvons à apprendre par dépêches d’agences que « la mère panda a perdu les eaux (et un peu de sang) », il est un aspect de toute cette opération qui revêt un caractère étonnant pour qui s’intéresse aux lois sur l’immigration : le panda né ce matin (l’un des jumeaux n’a pas survécu) est né chinois et il partira en Chine dès son sevrage accompli, vers l’âge de trois ou quatre ans. C’est une information officielle transmise par Beauval.
Il est donc, en France, des êtres vivants pour lesquels ne s’applique pas le droit du sol ! C’est donc possible !
Curieusement, alors que tout l’intérêt de la France serait que ce joli panda soit français et le reste, nous tolérons sur notre propre sol une primauté étrangère – chinoise, en l’occurrence.
Pourtant, les arguments ne manquent pas pour que Pandi-Panda soit français !
D’abord, il est une chance pour la France ! Il apporte une activité économique incontestable, des visites dans ce zoo, des possibilités d’études vétérinaires et zoologiques, des perspectives de reproduction, etc. Il peut participer à faire grimper la natalité de nos parcs zoologiques ! Tant de bienfaits !
Enfin, dernier argument de taille : avec quelle froideur d’âme pouvons-nous accepter de renvoyer ce jeune vers un destin incertain dans un pays que certaines ONG bien sous tous rapports qualifient de dictatorial, où il risque à chaque instant la peine de mort ! Nos lois – qui nous font honneur et nous sont enviées par tous les démocrates du monde – ne peuvent-elles protéger cet être faible ?
Bref, juste quand je trouvais qu’enfin le jus soli avait un sens, badaboum : il n’est pas appliqué !
C’est Chantal Goya qui va faire la tête.
Robin de la Roche – Boulevard Voltaire