Lorsque Anna Richards et sa conjointe Danielle Wiley ont décidé d’avoir des enfants ensemble, elles ont aussi décidé qu’elles chercheraient une figure paternelle, et non un donneur de sperme anonyme. « On voulait que les enfants sachent qui est leur père, leur père biologique », précise Mme Richards.
Le couple de lesbiennes a demandé à leur meilleur ami célibataire et gai, Shawn Kangro, s’il voulait être le père de leur premier enfant. Il ne s’est pas tout de suite mis d’accord. « On en a discuté pendant environ un an avant de vraiment se lancer », indique-t-il.
Au cours de cette année, les trois futurs parents ont consulté des avocats pour aborder tous les scénarios possibles. Ils ont ensuite rédigé leur propre entente. « Un contrat qu’on a écrit nous-mêmes, qui est assez élaboré. Je pense qu’il fallait faire ça pour avoir une bonne idée à quoi s’attendre », explique Mme Richards.
Mme Wiley a donné naissance à Della Wolf Kangro Wiley Richards en 2013, le premier bébé en Colombie-Britannique ayant les noms de trois parents inscrits sur son certificat de naissance. Son petit frère Roemer s’est ensuite ajouté à la famille en janvier dernier. Cette fois-ci, Mme Richards est la mère biologique.
La nouvelle Loi provinciale sur le droit de la famille qui est entrée en vigueur en 2013 permet aux familles d’avoir légalement jusqu’à quatre parents. L’Ontario a été la première province en 2007 à statuer qu’un enfant peut légalement avoir deux mères et un père.
Les bambins vivent au quotidien avec leurs mères. Le père est en déplacement professionnel la moitié de l’année, mais il dit s’impliquer autant qu’il peut. « Quand je suis en ville, j’essaye de les voir tous les jours », dit-il.
Les trois parents se mettent d’accord que la clé du succès de l’équilibre qu’ils ont atteint est la communication. Ils discutent ensemble des questions familiales et atteignent une décision conjointement. Ils confirment toutefois être conscients des défis qui pourraient les attendre.
« Elle sait qu’elle a deux mamans et un papa…mais je pense que quand elle ira à l’école, elle se rendra compte que la situation n’est pas la même que ses amis. »
Une des trois grands-mères des enfants, Christiane Richards, affirme que la particularité de leur cas est devenue sa nouvelle norme. Une normalité que sa famille en France a fini par accepter. « Peut-être que si je n’avais pas cette expérience avec ma fille, je serai étonnée de voir des familles comme la mienne. Maintenant, pour moi, c’est tout à fait normal », soutient-elle.
Le trio dit que les regards des autres les importent peu : l’important, c’est le bonheur qu’ils ont atteint en réalisant leur rêve familial.