Situé à 4 km sous la station antarctique russe du Pôle Sud, appelée Vostok (Orient), le lac subglaciaire du même nom serait le plus grand de ce type de lac. Trouvé par les russes en 1998, atteint en 2012 (après un arrêt pour obtenir des garanties quant à sa contamination), il représente un milieu aux conditions extrêmes et rares. Outre le fait que c’est à sa surface qu’ont été relevées les records de basse températures (-90°), alors que la moyenne est de -55° et qu’il reste liquide à cause de la géothermie et de l’isolation par la glace, il est sous 360 bars* de pression, privé de lumière et très chargé de gaz dissous (oxygène), toutes conditions particulières qui en font un objet scientifique de premier choix.
La calotte de glace qui le couvre représente un enregistrement des climats sur 400 000 ans et l’eau du lac serait isolée du monde extérieur depuis 15 ou 25 millions d’années. Contient-elle des organismes vivants ? En prenant toute les précautions pour éviter toute contamination, on a trouvé de l’ADN dans des échantillons de glace représentant 3500 organismes en majorité des bactéries mais aussi des unicellulaires et des multicellulaires (champignons). Extraordinaire diversité inattendue ! Quelques séquences ARN et ADN de petites créatures marines adaptées au froid (mollusques et crustacés minuscules) ont été identifiées.
Il est probable que le lac ouvert à l’atmosphère il y a environ 35 millions d’années contenait un réseau complexe d’organismes qui s’y déposaient. Le changement glaciaire s’étant produit lentement, les organismes ont eu le temps de s’adapter.
Le lac Vostok montre que certains organismes survivent à des conditions extrêmes et renforce l’espoir de trouver des formes de vie sur des planètes qui présentent les mêmes conditions ou pire encore… Les limites de l’habitable changent !
* Un bar est voisin d’un atmosphère (pression moyenne à la surface de la mer).