Une des caractéristiques de la Macronie, c’est de se croire tout permis. Ce qui est normal lorsqu’on s’imagine investi d’une mission quasi divine. La fameuse théorie du ruissellement s’applique, d’ailleurs, à merveille. Le Président se croit tout permis. Donc, à la suite, on ne peut que se croire tout permis. Un.e simple député.e qui a mis sa tête sur l’affiche à côté de celle d’Emmanuel Macron en 2017 n’hésitera pas une seconde à se lancer dans les grandes causes pour sauver en même temps la démocratie, l’humanité et la planète.
Un exemple pris au hasard, le suppléant de Brune Poirson dans le Vaucluse, désormais député à la place de la dame-ministre : il fut, naguère, l’un des signataires d’une tribune pour défendre le compteur Linky. Sauver la planète était déjà pris, alors il s’est rabattu sur Enedis. Depuis, il s’est lancé dans la chasse aux nazis, n’hésitant pas à dégainer son pistolet à bouchon, traquant la bête immonde qui court la campagne. Il est, notamment, le rapporteur du fameux rapport parlementaire sur « la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France », publié le 6 juin dernier. On attend avec impatience le tome II sur les violences d’extrême gauche…
Puisqu’on parle de campagne, évoquons celle des élections municipales. À La République en marche, c’est bien parti. Sur le bon pied : celui du pied de nez. Là aussi, comme on se croit tout permis, il n’y a pas de quoi être étonné des méthodes utilisées en séminaire de formation pour les futurs candidats. Un séminaire baptisé « 1000 talents » – tant qu’à faire – au cours duquel les aspirants maires sont invités à des mises en situation. Vous êtes candidat dans telle ville, de tant d’habitants. Face à vous, untel ou unetelle, etc. On y trouve, notamment et évidemment, « Jeanne Fachot » et « Dominique Nazillon », dont on ne demandera pas de quel parti ils sont. Tiens, un conseil au responsable de formation des élus du parti de Marine Le Pen : qu’il organise, aussi, ce type de jeu de rôle et qu’il s’amuse à appeler les candidats du parti présidentiel, par exemple, « Ducon » ou « Dugland ». On serait curieux de voir quel nouveau record de température le thermomètre de l’indignation pourrait atteindre.
Néanmoins, depuis que Le Parisien a révélé ces mises en situation dans ce séminaire qu’il qualifie de « baroque », l’affaire n’a pas laissé de glace le microcosme politique. D’autant qu’une de ces mises en situation évoque une certaine « Marielle Orange ». « Peu à l’aise de son rôle (sic) de parlementaire, Marielle Orange souhaiterait reprendre un mandat local… Elle a le soutien du MoDem. » Le truc qui ne passe pas car il faudrait être un crétin des Alpes (si on a encore le droit de dire comme ça) pour ne pas reconnaître Mme de Sarnez, la fidèle des fidèles de François Bayrou. Ce qui a fait réagir un député MoDem, justement de Savoie, Patrick Mignola, qui a écrit à Stanislas Guerini, « patron » du parti présidentiel. « Je déplore que vous caricaturiez nos adversaires et que vous déconsidériez vos alliés, au premier rang desquels le Mouvement démocrate… » Ce député poursuit en déclarant que « l’enracinement de LREM sur le terrain ne peut rimer avec le dénigrement de ses partenaire ». Oui, mais quand on se croit tout permis…
Et si, maintenant, pendant cinq minutes, on se croyait, nous aussi, tout permis. En imaginant des mises en situation tout à fait improbables pour les élections législatives de 2021, par exemple, vu que pour les municipales de 2020, les maires LREM se comptent actuellement sur les doigts de la main. « Face à vous, Aurore Baton, surnommée la girouette des Yvelines ». Ou encore « Cédric Laraignée, un jour à Paris, l’autre dans l’Essonne, finalement, il n’a réussi à tisser sa toile nulle part ». En attendant, Jeanne Fachot remercie Jean Dugland pour cette publicité.
Georges Michel – Boulevard Voltaire