Chroniques macronésiennes: dèja 7 conflits d’intérêts potentiels!

Pour rappel, le conflit d’intérêts est défini par la loi comme “toute situation d’interférence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés qui est de nature à influencer ou à paraître influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif d’une fonction”. Bref, dans un langage moins feutré, c’est une forme de corruption.

 L’alerte avait pourtant été donnée en mars, lorsqu’un conseiller du candidat Macron quittait avec fracas son équipe de campagne. Jean-Jacques Mourad avait été rémunéré par les laboratoires Servier (spécialisés dans les médicaments contre la tension), alors même qu’il participait à l’élaboration du volet “santé” du programme du candidat – un programme qui proposait, curieusement, de mieux rembourser les médicaments contre la tension artérielle…

Dans son édition du 23 juin, l’hebdomadaire Marianne a listé de nombreux cas où nos nouveaux responsables politiques pourraient être en situation de ne pas pouvoir agir en toute indépendance, à cause de leurs fonctions antérieures ou actuelles. Si les ministres en constituent bien souvent les exemples les plus apparents, les membres de leur cabinet y sont également bien représentés. Florilège :

  • Édouard Philippe, Premier ministre, qui a bossé comme directeur des relations publiques (lobbyiste en chef quoi) d’Areva entre 2007 et 2011. Ça remonte à loin, mais c’est lui qui va devoir gérer la recapitalisation d’Areva par l’État à hauteur de 4,5 milliards d’euros… On imagine déjà son téléphone vibrer quand il aura le dossier en main : “Appel manqué : PDG Areva.”
  • Agnès Buzyn, ministre de la Santé, qui après avoir bossé des années chez Bristol-Myers Squibb et Novartis, annonce qu’elle compte rendre obligatoires “11 vaccins destinés aux enfants”, ouvrant de fait un marché colossal à tous les producteurs de vaccins… Il n’en faut pas plus à Delphine Batho, ancienne ministre de l’Écologie, pour soupçonner dans Marianne l’œuvre du lobby pharmaceutique.
  • Françoise Nyssen, ministre de la Culture et propriétaire de la célèbre maison d’édition Actes Sud. En tant que ministre, elle est en charge du Centre national du livre et suit les négociations à Bruxelles au sujet de la TVA sur le livre électronique – une taxe qu’Actes Sud n’a aucun intérêt à voir augmenter. Dans quelle mesure ses décisions (très publiques) seront-elles influencées par les intérêts (très privés) de sa maison d’édition ?
  • Benoît Ribadeau-Dumas, directeur de cabinet du Premier ministre et ancien cadre de Zodiac, boîte qui doit être rachetée par Safran. L’État possédant 14 % du capital de Safran, le dossier du rachat passe forcément entre les mains du cabinet. Ribadeau-Dumas est donc forcé de quitter la pièce à chaque fois que l’affaire doit être traitée…
  • Emmanuel Moulin, directeur de cabinet du ministre de l’Économie Bruno Le Maire et ancien lobbyiste de Citibank, puis employé de Mediobanca. Comme le précédent, par mesure de précaution, il ne peut traiter les dossiers concernant ses anciens employeurs.
  • Bertrand Sirven, conseiller du même ministre et ancien de chez Nestlé, également éloigné des dossiers concernant le géant de l’agroalimentaire, par précaution.
  • Gilles de Margerie, conseiller de la ministre de la Santé et ancien directeur général du groupe d’assurances Humanis. Pour le sociologue Paul Lagneau-Ymonet, ses “fonctions antérieures […]l’empêchent de décider en toute indépendance sur quasiment tous les sujets traités par le ministère”.

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