♦ L’Agence France Presse classe votre serviteur, lundi dans une dépêche, parmi les « figures idéologiques majeures de l’extrême droite » (*). Cette caricature est d’habitude utilisée par les sectaires et leurs censeurs, quand ils veulent faire taire un indésirable. Que le procédé soit repris par une institution publique réputée objective est une anecdote qui illustre le noyautage de l’information officielle par le camp du Bien. Être classé à l’extrême droite signifie rejeter les valeurs de la démocratie et de la liberté, pour leur préférer l’autoritarisme, la violence, la rupture.
Pour le libéral que je suis, dénonciateur de la pensée totalitaire qui progresse à gauche, le coup de pied de l’AFP est celui de l’âne.
S’affirme, chez les progressistes en déroute, une montée de l’intolérance et des anathèmes. Ces maux ont les traits du véritable extrémisme.
D’ailleurs, si la CGT ne se réclamait de la lutte des classes et du communisme, idéaux qui lui valent l’attendrissement des médias, elle mériterait d’être comptée dans les mouvements fascistoïdes. Le mépris qu’exprime le patron du syndicat, Philippe Martinez, pour la démocratie, y compris dans l’entreprise, a les caractéristiques d’un comportement factieux. Il n’y a pas que ses bacchantes qui le rapprochent de Staline. Martinez est l’hériter d’une idéologie dictatoriale. Il s’emploie à le démontrer en recourant, en dépit de sa dérisoire représentativité, au chantage, à la prise d’otages d’usagers, à la censure de journaux, à la violence syndicale. Pierre Gattaz, patron du Medef, a raison quand, dans Le Monde de mardi, il dénonce la « dérive » de la CGT et fait remarquer : « On ne peut pas laisser une minorité agissante, révolutionnaire, paralyser l’économie. »
En réalité, l’étiquetage “extrême droite” est un fourre-tout utilisé par la gauche pour poursuivre son œuvre de déconstruction. D’extrême droite sont, pour les commentateurs pavloviens de l’AFP et d’ailleurs, ceux qui ont répondu ce week-end à l’invitation du maire de Béziers, Robert Ménard, pour parler des sujets qui fâchent. D’extrême droite, ceux qui ont été horrifiés, dimanche, par la vulgarité du spectacle de clôture des commémorations du massacre de Verdun, où 3 400 jeunes Français et Allemands en tee-shirt se sont prêtés à un jogging entre les alignements de tombes. D’extrême droite, ceux qui se sont indignés, mardi, de l’engagement de la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, à faire apprendre l’arabe dès le CP alors que le français n’y est pas maîtrisé. D’extrême droite, ceux qui critiquent l’affichage humanitariste d’Anne Hidalgo, qui va ouvrir un camp humanitaire dans Paris afin que le maire puisse « se regarder dans la glace ».
Rien n’arrêtera ces foutraques, sinon leur défaite. Le paradoxe est d’observer ces prétendus opposants au Front national (la CGT promet d’y faire obstacle) se comporter en zélés rabatteurs pour ce parti. Il engrange sur le rejet de l’immigration de masse et de l’islam radical. En attendant, l’image de la France s’abîme un peu plus sous les coups d’un syndicalisme corporatiste et d’un communautarisme régulièrement alimenté par le pouvoir socialiste en quête de clientèle électorale. Le spectacle de l’Euro 2016, qui s’ouvre dans une semaine à Paris, pourrait être moins dans les stades de football que dans les rues, les gares et les aéroports. Pour éviter ce scénario, l’État surendetté (2.100 milliards d’euros) distribue actuellement de généreuses enveloppes aux enseignants, chercheurs, intermittents, cheminots, etc. Les successeurs paieront l’addition de la paix sociale.
Indésirables « petits Blancs »
À côté du tampon « extrême droite », collé au front des vilains par ceux qui s’accommodent des dérives totalitaires de l’extrême gauche, l’accusation en « racisme » est l’autre arme dont abuse le Système en panne d’arguments. Les mêmes qui ont encensé le vide des Nuits debout, tenant à bout de bras cette protestation islamo-gauchiste qui a fondu sous les pluies, se gaussent d’un échec des rendez-vous de Béziers. L’initiative a pourtant rassemblé des centaines de citoyens venus des droites pour parler librement de thémes interdits (voir mon blog). S’il est regrettable que les propositions finales aient été largement écrites à l’avance, l’idée de Ménard a eu le mérite de donner une expression publique à des douleurs enfouies. L’existence d’un dérangeant communautarisme blanc, réplique mimétique du communautarisme éthique promu par l’idéologie antiraciste, s’y est notamment manifestée.
Ce multiculturalisme, que promeut crânement Alain Juppé, est une bombe qu’il faut désarmorcer en urgence.
Jamais ne seront assez dénoncés les désastres de l’antiracisme officiel défendu depuis trente ans. Cette imposture postmarxiste, construite sur la défense du dominé contre le dominant, a favorisé la tyrannie des minorités ethniques et relégué les indigènes au rang de gêneurs. Quand Éric Cantona reproche à Didier Deschamps de n’avoir pas retenu Karim Benzema, mis en examen, dans la sélection de l’équipe de France pour l’Euro, il moque son nom (« Peut-être qu’il est le seul en France à avoir un nom vraiment français ») et son absence de « mélange ». Ce faisant, il promeut le métis en homme supérieur, tout en stigmatisant le Français de souche. C’est ce racisme des antiracistes qui est aussi le vrai danger pour la cohésion nationale. À cause de son obsession des origines et de la couleur des peaux, l’antiracisme dévoyé pousse les indésirables « petits Blancs » à la révolte. Celle qui s’est entendue bruyamment à Béziers ne s’apaisera que si l’État cesse de se laisser humilier par des colonisateurs.
Victoire de la société civile
Seule la poursuite de la mobilisation de la société civile fera bouger ce monde faux. Elle vient d’ailleurs de remporter une victoire avec la suppression des tribunaux des affaires de sécurité sociale (Tass). « Pour la première fois depuis la Révolution française, le peuple a pu imposer la suppression d’un tribunal », commente cette semaine le mouvement pour la liberté de la protection sociale, présidé par Claude Reichman, qui milite contre le monopole de la Sécu. Oui, les choses bougent.
Le dalaï-lama et les réfugiés
Raciste, le dalaï-lama ? Dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le sage tibétain estime qu’il y a trop de réfugiés en Europe. Il dit : « L’Allemagne ne peut devenir un pays arabe. L’Allemagne est l’Allemagne. » Ouh là là !
Ivan Rioufol
Note :
(*) Ce vendredi matin, le responsable du service politique de l’AFP m’a appelé pour contester cette lecture de la dépêche et sa classification. Voici donc, pour que chacun en juge, le paragraphe de la dépêche du 30 mai, postée à 14h01 et signée par l’envoyé spécial à Béziers : “M. Ménard avait rassemblé ce week-end à Béziers plusieurs figures idéologiques majeures de l’extrême droite comme Alain de Benoist ou Renaud Camus, l’éditorialiste du Figaro Ivan Rioufol, Marion Maréchal-Le Pen, mais aussi Jean-Frédéric Poisson, le président du Parti Chrétien Démocrate, associé aux Républicains”. « No comment ».
Blog-Notes : Le Figaro.fr , 3/06/2016