Extrait d’une tribune publiée sur Rue89 dans laquelle Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, appelle à “sauver l’Europe des européistes” et démonte l’argument selon laquelle c’est l’Union européenne qui aurait permis à l’Europe de vivre un temps de paix :
Exemple d’argument vain : « L’Europe c’est la paix. » Si cela signifie que c’est l’Europe qui a fait la paix, c’est inexact. L’Europe était le champ de bataille. Ce sont l’URSS puis les Etats-Unis et leurs alliés, qui ont vaincu Hitler et imposé la paix, et les Etats-Unis qui ont créé, avec le plan Marshall, la matrice de la coopération nouvelle entre Européens d’après-guerre.
Premiers pères fondateurs : Staline et Truman !
Affirmer que c’est « l’Europe » qui a empêché une nouvelle guerre n’est pas convaincant non plus. Il n’y a jamais eu, depuis l’après-guerre, le moindre risque de guerre entre Européens de l’ouest, dans la même alliance militaire depuis 1949, et tous guéris du nationalisme et préoccupés de reconstruction économique.
S’il y a eu un risque de guerre en Europe, cela était du fait de l’affrontement entre les Etats-Unis et l’URSS, et ce n’est pas « l’Europe » qui nous en a protégé, mais l’alliance atlantique et la dissuasion nucléaire.
L’Europe n’est pas la mère de la paix mais sa fille. Tout au plus peut-on dire que la construction européenne a transformé une paix américaine qui aurait pu rester froide, en une union. Ce n’est pas rien.
Mais que signifie alors en 2014 « l’Europe, c’est la paix » ? Est-ce à dire qu’en cas de tension, de désaccord grave, de mauvais vote, etc. on risque la guerre ? Ce n’est pas sérieux ! Et donc cela ne déplace pas une voix.
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