Le 17 mai, l’évêque Anton Durcovici, martyr de la foi, a été béatifié. Né en 1888 en Autriche, orphelin de père très tôt, il a vécu en Roumanie à partir de l’âge de sept ans avec sa mère et son frère. Après avoir commencé ses études à Ia?i, il les a poursuivies au petit séminaire de Bucarest. Envoyé à Rome en 1906, il y a obtenu deux doctorats (philosophie et théologie) et a été ordonné prêtre en 1910. Revenu en Roumanie, il est nommé professeur au séminaire de Bucarest. Il en sera nommé recteur en 1924, fonction qu’il exercera plus de vingt ans.
Le 30 octobre 1947, alors qu’un régime communiste se met en place sous le contrôle de l’Armée soviétique, il est nommé évêque du diocèse de Ia?i. Le 19 juillet 1948, le concordat avec le Saint-Siège était dénoncé tandis qu’à l’initiative des autorités communistes se constituait une « Association de prêtres progressistes ». Les prêtres à l’origine de cette initiative furent excommuniés et les évêques catholiques roumains protestèrent auprès du gouvernement. Dans ces années, la plupart des évêques et des centaines de prêtres seront arrêtés.
Mgr Durcovici fut en butte à différentes pressions et vexations. Puis, le 26 juin 1949, alors qu’il devait conférer le sacrement de la confirmation à 650 jeunes gens d’une paroisse de la banlieue de Bucarest, il fut arrêté par la Securitate (la police d’Etat). Il connut d’abord, pendant près de deux ans, la prison de Jilava, où il fut interrogé et torturé à de très nombreuses reprises, puis en septembre 1951, déjà très affaibli, il fut envoyé au bagne de Sighet.
D’après le témoignage de co-détenus qui ont pu survivre, Mgr Durcovici encourageait à la résistance morale et spirituelle : « Portez la croix du Christ qui se sacrifie pour nos péchés, parce que le jour de la Résurrection viendra aussi pour le peuple roumain si durement éprouvé. »
« L’évêque Anton meurt de faim »
Mis à l’isolement, jeté nu dans sa cellule, « les traitements impitoyables, le manque d’eau et de nourriture le réduisirent à l’état de squelette » dira le cardinal Amato le jour de sa béatification. Dans les derniers jours de sa vie, il put échanger quelques mots avec un prêtre chargé du nettoyage du couloir. Il lui demanda en latin, pour n’être pas compris des surveillants : Antonius episcopus fame moritur. Da mihi absolutionem, « L’évêque Anton meurt de faim. Donne-moi l’absolution. »
Mgr Durcovici mourut le 20 décembre 1951, à l’âge de 63 ans. Son procès de béatification a été ouvert en janvier 1997. Il a été proclamé bienheureux le 17 mai dernier lors d’une messe célébrée à Ia?i par le cardinal Amato. Le lendemain, lors de l’Angelus, Place Saint-Pierre, le pape François a lui aussi rendu hommage à l’évêque martyr : « Pasteur plein de zèle et courageux, il a été persécuté par le régime communiste roumain et il est mort en prison – il est mort de faim et de soif – en 1951. Avec les fidèles de Ia?i et de toute la Roumanie, rendons grâce à Dieu pour cet exemple ! »
YVES CHIRON