Opportune réédition d’un monument d’André Castelot paru en 1972 et introuvable depuis trente ans. L’Histoire à table est sous-titré « Si la cuisine m’était contée » : près de 700 pages que l’on aurait aussi bien titrées « Dictionnaire amoureux de la gastronomie ».
De « A » comme « Abondance » à « Z » comme « Zola », Castelot, sans avoir l’air d’y toucher mais avec une érudition sans faille et un goût délicat de l’anecdote, nous fait voyager à travers les siècles, les personnages, les cuisines de tous les pays, les recettes, etc.
Cet « empereur de la petite Histoire », comme on l’avait surnommé, rappelle par exemple que Napoléon n’avait rien d’un gastronome, même s’il appréciait (il en témoignera dans son exil à Sainte-Hélène) les tagliarini à la corse, le pilaw à la milanaise, le boudin Richelieu et l’étouffée à la viennoise. Et l’on sait que l’on doit à son cuisinier, Dinan, le veau Marengo.
On passe à table avec les Gaulois (grands amateurs de porc), Charlemagne, Louis XII, Marie Leczinska, Pierre le Grand, Nicolas Ier, etc. On s’invite chez Tortoni, chez Taillevent, au Grand Véfour, au Café de Paris, au Café Riche. On (re)découvre le sens d’expressions comme « boire un coup », « à tire-larigot », « un en-cas ». La tête nous en tourne et nous devenons, au fil des pages, des papilles de la nation. « Un festin en paroles », comme l’écrivit en 1972 Jean-François Revel. Mais pas seulement.
Editions Perrin.
Alain Sanders – Présent